On resterait partis quatre jours. On logerait à Gentilly, dans la banlieue, on ne savait pas de quel côté mais dans la banlieue, chez des sortes d'amis, que les parents avaient. C'était le début de mars, quand la lumière mord aux deux bouts du jour, on le voit, on le sent, mais sans pouvoir encore compter tout à fait sur le temps, sans être sûr d'échapper à la grosse tombée de neige, carrée, brutale, qui empêche tout, et vous bloque, avec les billets, les affaires et les sacs préparés la veille, au cordeau, impeccables alignés dans le couloir...
Fille de paysans du Cantal, Claire assiste auprès des siens à un monde qui s’éteint. Les études et les livres signeront son envol vers la ville, sans qu’elle tourne pour autant le dos à ses tendres campagnes. Un roman intimiste, attachant qui pourrait se dérouler près de chez nous et nous raconte ces années de passage de Claire qui l’immergent dans cette fragilité du réel, lui apprennant à devenir autre tout en restant elle-même.
Marie-Hélène Lafon signe une fois encore un livre pudique, sensible, émouvant, dont le style très particulier traduit à merveille l'enracinement à la terre et les effluves contrastées de la ville, ainsi qu'elle l'avait réussi dans son précédent roman, L'annonce (coll. Folio/Gallimard, 2012) déjà présenté dans ces colonnes.
Les pays est le huitième de ses écrits, tous publiés aux éditions Buchet-Chastel.