New York, dans les années cinquante.
«On les voit chaque matin à neuf heures moins le quart, émergeant des bouches du métro, sortant de Grand Central Station, traversant Madison Avenue, Park Avenue ou la Cinquième Avenue,on les voit par centaines. Les unes ont l’air pleines d’ardeur et les autres ont un air chagrin et il y en a qui ne semblent même pas encore tout à fait réveillées. …Mais elles ont toutes un trait commun: aucune d’elles n’a assez d’argent.»
C’est ainsi qu'on les voit arriver tour à tour, les cinq héroïnes de ce roman délicieux. Caroline, April, Barbara, Marie-Agnès, Gregg. Toutes jeunes, toutes célibataires, toutes désireuses de percer à New York et de s’y marier. Elles travaillent à Manhattan, dans les bureaux d’une maison d’édition où elles sont secrétaires, lectrices, directrices littéraires. Elles viennent de tous les coins de l’Amérique, avec leurs espoirs et leurs rêves de jeunes femmes naïves, ambitieuses, dynamiques. On les retrouve colocataires, sages ou dépensières. Elles ont tout à apprendre dans ce milieu plus dur qu'il ne leur semble au premier abord. Les hommes y sont les dirigeants et elles, leurs subordonnées. Ils sont machistes, menteurs, lâches, coureurs. Ils les courtisent mais n’ont aucune envie de s’engager. Elles s’entraident mais toutes souffrent de solitude et traînent bien des désillusions. L’une s’est vue plaquer par son fiancé pour une riche héritière, une autre est mère célibataire, celle-ci perd tout contrôle en espionnant jusqu'à l'obsession les poubelles de celui qui l’a chassée, celle-là refuse de n’être que la maîtresse de celui qu'elle aime et qui ne veut pas divorcer.
Tout cela sur fond de New York avec ses rues, ses restaurants, ses taxis, sa frénésie et puis la guerre de Corée avec les soldats qui reviennent parfois en permission et tous les problèmes sociaux de ces années-là: la misogynie sur les lieux de travail, le harcèlement sexuel, et les avortements clandestins.
J’ai beaucoup aimé ce roman, rapide, nerveux, très rythmé qui fait penser à la série Sex and the City, l’époque mise à part. Pas étonnant que ce premier roman ait tout de suite eu un grand succès quand il est sorti, en 1958, en Amérique.Un coup de cœur pour moi! Ont aimé aussi Manu, Cynthia,
Rien n'est trop beau, Rona Jaffe (Poche, 1958/2012, 669 pages)Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Rosenthal.Rona Jaffe: Elle est née à Brooklyn, en 1931 et décédée en 2005, à Londres, d'un cancer, âgée de 74 ans. Elle a publié dix-sept romans au cours de sa carrière.
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