Le droit à l'enfant s'est toujours confondu avec le droit de ne pas avoir d'enfant. De tout temps on a concocté des potions abortives et des potions fertilisantes, y compris chez des peuplades dites primitives.
Illégaux, la contraception puis l'avortement sont légalisés petit à petit. Non pas par pure idéologie mais par pragmatisme; la prohibition engendrant plus de dégâts qu'elle n'en règle.
Le choix de procréer quand et si on veut est une avancée incontestable vers le contrôle de son corps et la procréation médicalement assistée (PMA) fut une étape complémentaire pour ceux qui au contraire ne pouvaient avoir d'enfants.
Comme en toutes choses, les dérives ne tardèrent pas à apparaître et l'on frémit de penser qu'elles ont même précédé dans les labos, ce que la société accepterait ou refuserait au moins provisoirement.
Jusque récemment, les médecins de la PMA implantaient plusieurs embryons fécondés in vitro. Officiellement, c'était pour optimiser les chances de réussite, officieusement, ce n'était qu'une minable histoire d'économie. Si par "bonheur" plusieurs embryons étaient viables, à la demande des parents, on avortait ceux de trop.
Récemment, virage à 180° : on s'est aperçu que la multi-implantation augmentait le risque de réussite pour l'ensemble des embryons. Ce carnage inutile va donc cesser, sans sanction pour ces apprentis sorciers.
A l'heure où la société débat sur l'élargissement de l'accès à l'adoption et à la PMA, à quel stade en sommes-nous aujourd'hui?
Des millions de femmes avortent alors que tant de personnes souhaitent adopter. Des millions d'embryons surnuméraires congelés attendent d'être jetés ou de servir de matériel de laboratoire, de matière première pour cosmétiques ou pour médicaments alors que tant de personnes souhaiteraient porter un enfant.
Est-il plus éthique de "détruire" un embryon que de l'offir à des parents volontaires? Est-il plus grave d'être l'enfant d'un père donateur anonyme que d'être adopté par un couple d'homosexuels?
On peut considérer que le droit à l'enfant est avant sa naissance et le droit de l'enfant est après sa naissance. Ce serait trop simple. Le droit de l'enfant à naître s'oppose au droit des parents de ne pas le vouloir. La solution viendra peut-être le jour où l'on pourra transférer un foetus, un embryon du ventre de la mère vers celui d'une autre femme.
Les enfants devraient avoir le droit de naître, de choisir leurs parents adoptifs. Science-fiction!
Non, le droit de l'enfant doit être toujours supérieur au droit à l'enfant quand l'enfant est en capacité de décider. Le devoir des adultes est de leur offrir bonheur, protection, amour ; qu'ils soient les siens ou ceux des autres. Encore faut-il ne pas penser pour eux en fonction de ses propres désirs.