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[Critique] LES TROIS SUPERMEN TURCS AUX JEUX OLYMPIQUES

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Üç süpermen olimpiyatlarda

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : Turquie
Réalisateur : Yavuz Yalinkiliç
Distribution : Yilmaz Koksal, Levent Çakir, Stefano Martinenghi…
Genre : Comédie/Fantastique
Date de sortie : 1984 (mais pas en France)

Le Pitch :
Un professeur ayant percé les secrets des voyages dans le temps, utilise sa science pour envoyer son équipe de Supermen punir les méchants partout dans le monde… Et dans l’histoire. Appelés à régler des problèmes à l’ère romaine, les trois héros se retrouvent donc devant la Déesse Artemis qui a bien des embêtements…

La Critique :
Quand on a la possibilité d’aller voir un film qui s’appelle Les trois Supermens turcs aux Jeux Olympiques, chez moi, on ne perd pas l’occasion ! Durant une petite heure à peine, ce film est une véritable épreuve. Un enchevêtrement de grand n’importe quoi aussi incohérent que fantasque, et aussi mal joué que mal réalisé.
Heureusement pour nous, l’équipe de L’Étrange Festival nous avait prévu quelques petites surprises réconfortantes.
Jan Kounen, réalisateur de VibroBoy, Dobermann et 99 francs, était présent lors de la projection et nous a présenté le film en compagnie du président du festival.
Le réalisateur est un inconditionnel des Supermen turcs et c’est au travers d’un discours passionné et hilarant qu’il nous à présenté la « Bombe » venue d’Istanbul.
Tourné en Turquie (avec quelques acteurs français dans le casting) le film est aujourd’hui difficilement trouvable. En effet, les bobines du film original ont été (comme beaucoup d’autres) détruites en Turquie pour en extraire le sel d’argent. Heureusement, en Allemagne (à cause de l’immigration Turque), les réseaux de distribution gardaient toujours traces des films qui passaient entre leurs pattes, permettant ainsi bien des années plus tard à un public parisien frénétique de blinder la salle 300 du Forum des Images pour se délecter…d’une nullité sans nom.

Dans son intro Jan Kounen, nous expliquait qu’il avait vu ce film des dizaines de fois…sans jamais comprendre un traitre de mot de ce qui était raconté, puisque le film était en turc non sous-titré. Lorsqu’il regardait ce film en v.o., il ressentait un véritable vertige cinématographique tant le film est ubuesque et découpé à la « J’en ai marre vivre ».
Le réalisateur appréhendait donc un peu la séance…puisqu’une traductrice avait été rameuté pour l’occasion et qu’elle allait traduire en live tous les dialogues du film. Jan Kounen redoutait donc que le film perde de son intérêt, de son essence et de sa sève en livrant ses secrets scénaristiques… Heureusement, il n’en fut rien.

Nous avons vraiment passé un bon moment en visionnant Les trois Supermen turcs. Il faut cependant préciser que la présence de Kounen, celle de la traductrice et l’ambiance « bon enfant » qui régnait dans la salle ont certainement contribué à sublimer l’atmosphère de ces Supermen de la nullité.
Car oui, évidement, ce film est une véritable punition visuelle. En fait, il n’y a rien qui tienne véritablement le route. C’est mal joué, très mal synchronisé, très mal réalisé et mal monté. À cette orgie de faux-pas, il faut ajouter une musique allégrement volée chez Star Wars, Superman, La Boum 2… J’en passe et des meilleures.
Et comme si ce n’était pas suffisant, le film en contient en réalité deux, puisque deux histoires qui n’ont strictement rien à voir l’une avec l’autre, se catapultent dans un bordel foutraque absolument incroyable et bien sûr totalement incompréhensible.
Une fois traduit, les dialogues sont particulièrement niais et naïf,s mais servent bien une histoire qui aurait pu naitre dans l’imagination d’un enfant de sept ans.

Ce qui sauve le film en définitive, c’est au final son ouragan de défauts qui dégénère en véritable apocalypse qui aurait choisi le cinéma comme arme de destruction. Il y a en effet bien peu de scènes où l’on n’est pas atterré devant l’intensité du jeu des acteurs, subjugué par les effets spéciaux « DIY » (le plus beau robot en carton de l’histoire du cinéma se trouve ici…) et au final touché par ce film volant tellement au ras des pâquerettes, qu’il finit par faire un ricochet malheureux et atteindre tout d’abord nos zygomatiques et enfin nos affects.
Car, comme souvent dans les nanards de compétition, on sent un véritable amour de l’image et du cinéma pointer tout au long du film. Évidement, le sujet n’est absolument pas maitrisé, mais regarder le film avec des potes en fin de soirée est assurément l’occasion de pleurer de rire à deux ou trois reprises. Car oui, on ne peut que se fendre la poire à certains moments, tant ce film prend des allures de fourre-tout sous acide arrosé à la bière et cramé à la beuh.
Les Supermen ne manqueront pas de vous prendre par surpriss à plusieurs moments, certaines scènes étant parachutées sans liaison aucune et certains dialogues tellement hors de propos qu’ils vous poussent à vous mettre la main sur les yeux l’air désappointé… Mais rêvant néanmoins que les turcs n’ hésitent pas à en mettre une deuxième couche !

Des scènes magiques, il y en à tout un wagon. De l’entrainement des Supermen où le plus moustachu d’entre-eux saute joyeusement la clope au bec au dessus d’une ficelle à un mètre du sol, à la baston du Superman peroxydé qui attaque la mafia dans un vrai camping sous les yeux stupéfaits des vacanciers, rien ne nous est épargné.
En véritable acteurs polyvalents super virils, les trois héros (qui ne sont plus qu’un au final du film sans qu’on comprenne pourquoi…) se prennent aussi, lorsqu’ils sont en « sortie équitation », quantité de branches dans la gueule, séduisent nombre de jeunes filles, juste en les fixant de leurs yeux de braises et se payent le luxe de se retrouver avec leurs capes sur le visage à plusieurs reprises (véridique !), les empêchant de voir les passionnantes scènes qui se déroulent devant eux.
La palme est attribué à mon gout au Superman blond, qui en plus de jouer comme une tranche de foie de génisse, se ripe méchamment la gueule en loupant un « saut de main » un peu trop hasardeux.

Bref, j’ai passé avec Les trois Supermen turcs aux Jeux Olympiques une très très bonne fin de soirée et je ne regrette pas une seule seconde d’avoir été bonder les rangs des fous furieux qui kiffent ce film. J’avoue même que j’aimerais bien le revoir… Ils sont forts ces Turcs.

@ Pamalach

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