Le 13 août, avant-veille de la fête de l’Assomption, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, primat des Gaules, avait réaffirmé son opposition au mariage entre personnes de même sexe. Il avait en particulier déclaré : «Notre désir est que la loi n’entre pas dans des domaines qui dépassent sa compétence. Un Parlement est là pour trouver du travail à tout le monde, (...) pour s’occuper de la sécurité, de la santé ou de la paix. Mais un Parlement, ce n’est pas Dieu le Père».
Il énonçait la une évidence. À la différence de ce que d’aucuns affirment à propos de certains hauts dignitaires religieux, nul ne s’aventurerait à prétendre que notre parlement est inspiré par l’esprit saint. Mais, pour fonctionner, une société a bien besoin de lois. Qui donc peut les formuler ?
Dans une interview diffusée ce vendredi 14 septembre par la radio RCF et la chaîne TLM, le primat des Gaules a récidivé ainsi : «Pour nous, la première page de la Bible (qui dit que le mariage unit un homme à une femme) a un peu plus de force et de vérité qui traversera les cultures et les siècles que les décisions circonstancielles ou passagères d'un Parlement».
Je ferai à ce propos deux remarques. La première est mineure : il me semble que la Bible ait été rédigée sur des volumes continus et ce n’est guère que sur des transcriptions plus récentes qu’a pu apparaître la notion de page. Bien plus, la première mention d’une compagne pour Adam étant située au chapitre 2, verset 21, il est douteux qu’elle figure sur la première page. Enfin soit.
La seconde remarque a plus de substance. Dans tout ce début de la Genèse, on ne trouvera pas mentionné ce mot mariage. Le Créateur façonne, à partir d’une côte d’Adam, une aide semblable à lui. On nous dit ensuite qu’Adam connut Ève et qu’elle conçut un fils et cet enchaînement est répété pour chacun des premiers hommes cités dans la Bible. En dehors de toute cérémonie, l’union d’un homme et d’une femme est un acte charnel avec procréation. Il semblerait donc que le mariage soit une création sociale et non d’inspiration divine.
Monseigneur Barbarin a poursuivi ainsi : « Après, ça a des quantités de conséquences qui sont innombrables. Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour peut-être, l'interdiction de l'inceste tombera ». J’ignore qui désigne ce ils mais je ferais observer à son Éminence qu’un couple se compose exclusivement de deux éléments. Et je l’engagerais à ne pas se fonder sur une stricte lecture de la Bible pour réglementer la famille.
Surtout que le verset 17 du chapitre 4 nous révèle une abomination : « Caïn connut sa femme ; elle conçut, et enfanta Hénoc ». Qui pouvait être cette femme ? Quelque sœur inconnue, voire sa mère ? Si l’on s’en tient à une lecture littérale de la Bible, l’inceste est donc admis, voire naturel.
Prétendre que la loi ne peut procéder que du Créateur, revient à soutenir les nombreuses théocraties, le plus souvent musulmanes, qui hantent notre planète. Monseigneur Barbarin ne se distingue en rien des islamistes qui prétendent que la seule loi admissible pour un État est la Charia. Compliments !