D'une façon ou d'une autre, il est toujours là, ou pas trop loin, l'autre monde qui se paie en liquide.
Au jeu de la marelle armoricaine, nous en étions à la dernière case, mais pas la plus facile. Particulièrement tourmentée et glissante sur les bords, un charme fou... Peut-être une nature schizophrène jouant sur les extraordinaires possibilités du tableau?
En tout cas, un endroit où l'on n'est pas sensé la ramener, sa fraise de l'Immaculée et où ses convictions aux grands airs restent sagement à l'abri. d'un galet sentinelle.
"Nous sommes nés au milieu de l'océan, c'est notre domicile, comme la terre est celui de ceux qui sont éloignés des bords de mer." Lettre du conseil municipal d'Ouessant 1819- cité par Françoise Péron dans "Ouessant- l'Ile sentinelle- Edition: Le Chasse Marée-Armen
"Il convenait d' être prévenu: "Attention où tu poses les pieds" autant pour soi d'ailleurs que pour le milieu adoptif. Et même s'il naît pas anatife comme on voudrait parfois bien le croire, le pouce-pied nous montrait de son doigt préhistorique, le chemin à bon port.
Etrange et coquette poésie granitique, parsemée de galets à tous vents et de moutons devenus chèvres à force de sentiment. Un faisan du matin passait devant la maison. Au soir, ce fut le tour d'un lapin. La chasse s'ouvrirait le dimanche suivant, le lendemain du lâcher de moutons et à quelques jours de celui des chèvres. Allons donc comprendre quelque chose, nous-autres!!!...
Et ce n'était qu'un début...
" Vous venez au festival" m'avait dit comme une évidence la dame de la Penn ar Bed lorsque j'avais réservé les places sur le bateau, quelques jours auparavant. Sauf que pour moi, ignare,le festival d'Ouessant c'était au mois d'août et la musique c'était celle des mots insulaires.
Ah oui d'accord... mais il fallait aussi compter avec l'autre - l'Ilophone- qui revenait avant la grande marée d'équinoxe, depuis cinq ans déjà.
Le samedi soir il y avait autant de monde à babord qu'à tribord, entre salle des fêtes et bars du dehors. quand Yann Tiersen local héros nous emmena dans ses rêves électroniques.
C'était l'occasion qui fit les larrons, sans préméditation;
mais comme nous avions prévu tellement d'autres choses,
moins accessibles en temps normal, nous quittâmes ravis mais sans regret la fête, au creux de la nuit alors qu'un certain nombre tiraient des bords;
"coutume" sans doute évidente par ici. Non?
Et pour la ptite histoire, d'autres que nous l'auraient de toutes façon racontée, à leur manière bien-sur.
La maison n'était pas très loin, deux petits kilomètres après le bourg de Lampol. Il n'y avait qu'à suivre les éclats du phare du Créach pour deviner la route, par intermittence bien sur.
Demain, il faudrait tout voir.
Enfin, c'est ce que je croyais, en fermant les yeux, les oreilles plein la mer...
Photos: Valérie et Jean-Jacques