Peter Scheiffele neurobiologiste de l'Université de Bâle, co-auteur de l'étude suggère que l'autisme ne résulte pas d'une poignée de gènes coupables mais de dizaines voire de centaines de mutations, une complexité génétique qui reste un défi majeur pour le développement de traitements. Pour compliquer encore la situation, l'autisme n'est pas toujours un trouble isolé et il partage des caractéristiques communes avec des syndromes radicalement différents. Dans le syndrome du X fragile, par exemple, 25% des patients sont également atteints d'autisme.
Les chercheurs ont étudié un gène appelé neuroligine-3 (NLGN3), impliqué dans la construction des synapses qui permettent les interactions entre neurones. Beaucoup de chercheurs pensent que l'autisme commence à la synapse et, par ailleurs, des mutations dans NLGN3 sont identifiées dans certaines formes d'autisme. L'équipe s'est concentrée sur les synapses dans le cervelet, une partie du cerveau qui contrôle les mouvements, mais également impliquée dans le comportement social. A partir de souris modèles conçues avec un « interrupteur » du gène NLGN3, ils montrent que la désactivation de NLGN3 permet aux neurones d'effectué ces raccordements anormaux observés dans le cerveau des autistes.
NLGN3, le gène qui corrige les erreurs de connexion : L'absence de NLGN3 conduit à la suractivation d'un récepteur abrégé mGluR1α. Ce récepteur est un composant d'une voie également perturbée dans le syndrome X fragile, bien que résultant de mutations dans un gène complètement différent. Chez les souris, la surabondance de ces récepteurs conduit les neurones à établir des connexions synaptiques erronées. Lorsque les chercheurs « rallument » NLGN3 à nouveau, le niveau de ce récepteur mGluR1α régresse et revient à la et les synapses erronées disparaissent.
Cette découverte implique qu'il y a encore une flexibilité ou une opportunité après la fenêtre critique du développement du cerveau, ce qui incite les chercheurs à s'interroger : Dans quelle mesure peut-on corriger un cerveau mal câblé ? ».
Prochaines étapes, voir si des troubles moteurs peuvent être corrigées par un traitement similaire chez des souris génétiquement modifiées. Voir également si des médicaments qui bloquent le récepteur mGluR1α peuvent avoir le même effet que contrôler le gène NLGN3.
Source: Science online September 132012 doi: 10.1126/science.1224159 Shared Synaptic Pathophysiology in Syndromic and Non-syndromic Rodent Models of Autism(Visuel S. J. Baudouin et al, Science “Inactiver le gène NLGN3 chez la souris (visuel de droite) se traduit par une erreur de câblage des connexions synaptiques, qui peut être réparable).
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