Un palais miniature démontable avait été installé en pleine forêt pour accueillir Marie-Antoinette sur le sol français. Elle entra en tant que qu'Archiduchesse d'Autriche, elle en ressortit en tant que Dauphine de France, future reine. Contrainte et débarrassée de tout ce qui pouvait la rattacher à son pays natal, elle était prête à rencontrer pour la première fois le roi de France et son fils. Pendant plusieurs jours, elle parcourut le pays en direction de Versailles, à bord d'un carrosse clinquant tiré par plusieurs chevaux. Difficile de passer inaperçue dans ces conditions et sa célébrité était en train de se forger dans les campagnes les plus reculées jusqu'aux grandes villes. L'arrivée de la Dauphine au Château le plus célèbre du monde fut l'un des moments les plus solennels de la "carrière" de cette jeune adolescente encore non habituée au faste et au protocole de la Couronne. La salle de réception était pleine et personne ne voulait manquer ce moment. Les femmes de la cour étaient revêtues de leurs plus belles toilettes, grandes robes, chapeaux imposants et bijoux les plus brillants. La curiosité était la plus forte. A quoi ressemblait donc cette future souveraine encore si jeune et innocente ? La noblesse présente ne fut pas déçue. Tous les regards étaient portés sur la jeune fille qui parcourait la grande salle lentement. Tout le monde était sous le charme, le roi le premier.
Ce rappel historique rapide m'a été inspiré par la visite des époux Sarkozy à Londres. Accueil à l'aéroport, salut à la reine, trajet en calèche, dîner et discours, sont des traditions séculaires : le "bling bling" ne date pas d'hier. Le goût des grandes pompes et de l'exposition publique est un exercice particulier que les chefs d'Etat et leur suite ne rechignent pas à pratiquer. Tous les regards étaient posés sur Carla hier pour sa première visite à Windsor en tant que Première dame. Toilette sobre et chic qui pouvait rappeler à la fois l'élégance et le style d'une certaine Madame Kennedy, et la sobriété et la mode "étudiante anglaise" des années passées. Un style anglo-saxon qui n'a pas dû laisser indifférente la Reine. Carla a bien été conseillée. Le tout couronné par une petite révérence que tout le monde espérait. Madame Sarkozy n'a pas raté son entrée.
Cette facilité et cette aisance sont des atouts pour les visites officielles. Certains pourraient parler de docilité en avançant l'idée que sa présence est un faire-valoir du président et facilite grandement les échanges et les accords futurs. Quoi qu'il en soit, notre Première dame, malgré sa discrétion, n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre et tous les chefs d'Etat vont se battre pour obtenir une visite officielle !