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Volontaire africain : Cahier d’un retour au pays natal 2

Par Wilntonga

Comment gérer le retour au pays quand on est un jeune volontaire ? Des mécanismes institutionnels existent pour certains pays comme la France ou les Etats-Unis. Mais pour la plupart des volontaires africains, cela reste une véritable gageure. Je dédie cet article en particulier à la promotion 2011 des volontaires francophones que j’ai eu le privilège de préparer à Paris. Rosette, une des VIF 2011 affectée à Paris, m’a inspiré cet article.

Le vécu du retour est fondamentalement dépendant de si l’on a pu trouver un contrat après son mandat ou pas. Pour la plupart des volontaires, quelle que soit le type de volontariat, les fins de contrat sont toujours un peu surprenantes. Elles sont telles que très souvent, on n’a pas d’issue à la main. Nous avons déjà abordé le choc du retour dans ces cas-là. Nous allons essayer de voir comment le gérer.

Une gestion mentale

Dans un premier temps, l’essentiel de la gestion de l’après mandat de volontaire est mentale. Quelle que soit l’issue que l’on a sous la main au moment de la fin de son contrat…il faut garder la tête froide. Ayant géré pas mal de volontaires internationaux, j’en ai vu beaucoup paniquer au point de gâcher même des potentielles opportunités. Il faut se maitriser. Le stress, la peur de l’inconnu, la peur du lendemain, tout cela est compréhensible. Mais il ne faut pas que cela prenne plus de place qu’il n’en faut.

La gestion mentale consiste à se réorganiser dans sa tête. Une expérience est terminée. C’est une étape de la vie qui est passée. Il faut pouvoir passer à autre chose. C’est comme ça que la vie fonctionne…surtout si l’on veut être un professionnel international.

Une nouvelle étape, signifie déterminer les priorités et s’y fixer. Cela permet d’éviter de se faire happer par la réalité du retour au pays natal. Cette réalité est souvent brutale, souvent prenante, parfois même asphyxiante…si vous n’avez pas de priorité auxquelles vous vous accrochez, elle va vous entrainer.

La gestion mentale signifie aussi de créer les conditions pour avoir une marge de manœuvre. Cela signifie se mettre un peu à l’abri du regard des autres…de leurs dires…et du choc que l’on peut avoir en entrant en contact avec leurs attentes et avec leur perception de nous surdimensionnés…

Il faut donc éviter de jouer à la star revenue de l’Etranger…qui a toujours une bière à offrir, une histoire à raconter, un exploit à décrire, une conquête à narrer. Au contraire, il est bon de faire profil bas…de détourner l’attention de soi…pour être soi-même à soi et non aux fantasmes des autres…autrement, on se fait prisonnier de l’imaginaire des autres et on ne gère plus la réalité, mais cet imaginaire-là.

Une gestion pratique

L’autre aspect de la gestion du retour est pratique. Nous avons dit que la priorité était à se réorganiser pour passer à autre chose.

Il faut déterminer des choses pratiques à faire dès tout de suite (une formation en langues, le permis de conduire, une inscription académique, un voyage familial, etc.).

Il faut ensuite déterminer les actions stratégiques à faire et les mettre IMMEDIATEMENT en œuvre. Par exemple rencontrer des structures sur place pour discuter des opportunités d’emplois ; rencontrer des professionnels du métier qu’on a découvert ; rencontrer des personnes des régions d’où l’on vient pour garder un contact culturel ; rencontrer des personnes ayant eu le même parcours et ayant eu des succès dans leurs expériences. Il est important d’éviter un orgueil inutile et une fierté stérile. Il faut faire les pas vers les autres. Il est aussi important d’éviter les raccourcis…ils peuvent raccourcir aussi la carrière professionnelle.

Il faut également conserver les pratiques qu’on a gagné en voyageant : le sport, la musique, la photo, le cinéma, l’écriture, la lecture, la conduite, etc. Bref ces petites choses qu’on avait l’habitude de faire et qui agrémentaient positivement la vie, il faut continuer de les garder dans le programme de son quotidien. Elles apporteront une certaine saveur, une certaine rosée à la traversée du désert.

Il faut enfin continuer de chercher un nouveau boulot, continuer jusqu’à ce que quelque chose soit trouvée en mettant de son côté tous les acquis de l’expérience volontaire et les autres obtenus avant et après. On rebondit toujours quand on apprend à marcher correctement sans se laisser aveugler par les autres ou par soi-même. Cela prend le temps que ça prend, mais on finit par rebondir.


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