A L’Alpe, on aime la création. Tout autant que le patrimoine. Tous avions déjà publié un volume sur la maison traditionnelle rurale (numéro 28). Il nous fallait donc aller voir cette fois de l’autre côté de la carte postale. Car bien évidemment, l'habitat alpin n’est pas exclusivement composé de clones de chalets.
Pas facile de dire, aujourd'hui, ce qui demain fera patrimoine parmi les constructions récentes. L’artiste Marguerite Burnat-Provins qui vilipendait les grands palaces alpins au début du siècle dernier, se trompait. Comme ceux qui, hier, voulait reconstruire un village provençal pastiche, ou ces autres qui avaient oublié Charlotte Perriand, jusqu’à ce que Beaubourg lui consacre une grande exposition. Ce qui est certain, c'est que, aux prises avec les singularités de l'espace alpin (la pente, l’isolement, le climat), les architectes actuels trouvent de nouvelles pistes de construction, exploitables ailleurs. On le voit bien avec les refuges de haute montagne qui utilisent des solutions techniques très élaborées. Mais aussi dans l’habitat collectif ou les bâtiments publics.
A Mario Botta, Dominique Issermann et Peter Zumthor, nous associons dans ce même numéro l’œil d’un autre grand maître: Robert Doisneau. Avec la parution d’un beau livre aux éditions Glénat et une exposition au musée de l’Ancien évêché, à Grenoble, Les Alpes de Doisneau marqueront indubitablement le temps fort de l’actualité culturelle alpine cet automne. Nous vous proposons ici une approche de terrain sur l’un de ses reportages. Pour contextualiser ses photographies et les associer aux travaux réalisés par les meilleurs ethnologues spécialistes de ce territoire. Comme pour mieux ancrer la vocation même de cette revue : en confrontant science et journalisme, vous offrir L’Alpe comme vous ne l‘avez jamais vue, mais aussi L’Alpe comme vous ne l’avez jamais lue.
Pascal Kober, rédacteur en chef