La Faim raconte l’histoire d’un homme qui crève littéralement de faim. Un homme qui, au moment où le texte commence, est chassé de la chambre de bonne qu’il ne peut plus payer. Cet homme parvient de temps en temps à placer un article dans le journal pour gagner quelques couronnes. Survient alors un court moment d’espoir, une nuit à l’abri et quelques repas. Mais très vite la misère et la faim reviennent. Comme un leitmotiv, une douleur sourde qui vous dévore physiquement et surtout moralement.
Orgueilleux et solitaire, l’homme refuse toute aide et n’accable en rien la société. Résigné, il réserve ses protestations à Dieu. La faim n’est donc pas un roman social. C’est un roman purement psychologique proposant une analyse minutieuse des effets du manque de nourriture sur l’organisme. Seul résultat possible, la folie. Le lecteur, devant une telle description clinique, pourrait sortir du livre aussi accablé que le héros mais il est au contraire tenu en haleine par la succession de moments d’espoir et d’abattement. L’écriture d’Hamsun y est pour beaucoup, notamment grâce à l’alternance entre des passages lyriques et d’autres plus mélancoliques.
Roman de l’exploration du subconscient, La Faim montre un homme seul dont la raison ne parvient plus à contrôler les mouvements de l’âme. Publié une première fois en France en 1895, le texte est réédité dans une version définitive en 1926 avec une introduction d’Octave Mirbeau et une préface d’André Gide. Entre temps, Knut Hamsun aura obtenu le prix Nobel de littérature en 1920 pour L’éveil de la glèbe.
La faim, de Knut Hamsun, Le livre de poche, 2012. 285 pages. 6,60 euros.
Une lecture que commune que je partage avec XL.