... Hier, il m'est arrivé une chose très bizarre. Comme à mon habitude depuis une trentaine d'années, je suis allé au Parc des Princes, ce stade comme nul autre, soutenir les rouge et bleu du PSG. Je tiens le virus de mon papa qui m'y a emmené petit et élevé à Stade 2, L'Equipe et France Football. Ce stade, cette équipe sont dans mon ADN, mon cœur, mon sang. Comme le dit ma femme, c'est ma maîtresse. Les années où le PSG végétait à la 16e place, j'y étais. Les hivers où les bouts de pieds commencent à geler dès la première demi-heure, j'y étais. Les matchs PSG-Le Havre avec 11000 spectacteurs au Parc, j'en étais aussi. La finale à Bruxelles et celle de Rotterdam, j'y étais. J'achetais L'Equipe pour lire sur le PSG, je sortais mon écharpe à chaque match, j'étais fier de ce club, amoureux de ce stade unique à l'architecture extraordinaire et à la fantastique accoustique
Hier, à 20h11, en prenant la rue boulonnaise qui mène de chez moi en droit ligne vers le Parc, j'étais à fond, comme à chaque match, comme chaque année. Putain, voir Zlatan Ibrahimovic au Parc des Princes, un rêve encore impossible il y a quelques mois. Et Thiago Silva et Pastore et Nenê et Verrati et les autres. Sacré belle équipe que nous ont sorti les Qataris. Une équipe sur le papier encore meilleure que celles avec Rai, Weah, Okocha, Ricardo, Leonardo déjà et autres Valdo, les nec plus ultra de ce qu'on a eu en 30 ans.
Hier, je me réjouissais de retrouver cette ambiance magique, d'avoir les poils qui se hérissent sur les bras après avoir enjambé deux à deux les escaliers qui me menaient à ma place en B bleu haut pour ceux qui connaissent. De très bonnes places, juste ce qu'il faut en hauteur pour apprécier le jeu collectif mais pas trop haut non plus, pour entendre le claquement d'un tacle sur un protège-tibia. Parfait.
Hier, j'espérais retrouver ces sensations, ces couleurs, ses émotions qui me suivent depuis si longtemps. Mais en fait, rien de tout ça. Hier, pour la première fois de ma vie, je me suis emmerdé pendant un match du PSG. Ce n'est pas la qualité du jeu du jeu (prometteur mais encore perfectible hier) qui est en cause. Hier, j'ai plus regardé les tribunes que le match. Hier, j'ai aperçu du vide. Un Parc rempli en majorité de gens qui viennent voir un spectacle. Comme on va au cinéma, comme on va au théâtre. Un Parc où dès qu'un but est marqué, le soufflé retombe ensuite, un Parc où les spectateurs ne sont pas de supporters mais des consommateurs, où la culture footballistique s'amenuise un peu plus. Un Parc où la chaleur de la Ville-Lumière a disparu pour laisser place aux lasers et aux Pet Shop Boys. Un Parc où la majorité ne connaît pas les chants du PSG, où ceux qui restent les scandent une minute puis s'arrêtent, de guerre lasse, avec le sentiment de ne plus être chez eux.
Un Parc à l'anglaise où les places augmentent de plus de 50% en deux ans, un Parc où on ne sait plus soutenir une équipe, un Parc de loisirs. Hier, après 12874 Matchs au Parc des Princes (approximation toute relative), j'ai fait mon jubilé au Parc.
Je n'y ai plus vu de baraques à frites, plus senti d'odeurs de merguez. Je n'ai plus senti la montée d'adrénaline qui accompagnait chaque arrivée dans ce lieu magique. Hier, les stewarts aux alentours du stade étaient de gentilles stewardesses tout sourire. Hier, devant le Parc, on avait le sentiment qu'il ne fallait pas parler trop fort, de peur de déranger, qu'il ne fallait pas applaudir debout trop longtemps, de peur de se faire virer par la sécurité. Hier, le Parc était policé, gentillet, niais, un Disneyland du foot où les papiers gras sont immédiatement ramassés.
Pourtant, ce Parc, il est en moi. Je l'ai pratiqué, fréquenté, photographié pour le compte du PSG (voir ici sur ma page Flickr link), libre de m'y abandonner pendant une semaine de 7h du matin à 7h du soir. Une semaine de pur bonheur à passer de ses entrailles à ses recoins les plus secrets. Le Parc, je le connais centimètre par centimètre.
Merci le PSG, merci le Parc pour les PSG-Real, PSG-Steau, Liverpool, Barcelone, pour tous ces moments que je garderai toujours au fond de moi et qui me font encore frissonner rien que d'y penser. Mais tout ceci est du passé.