La téléréalité est morte, faites place à la « scripted reality »

Publié le 15 septembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Que cache ce titre un brin tapageur ? Tout simplement une (petite) analyse pas pompeuse pour un sou de l’évolution de nos productions télévisuelles. Ainsi si les années 2000 ont été la rampe de lancement indéniable d’une téléréalité qui a appris aux téléspectateurs à apprécier un format avec ses propres codes et une certaine forme de liberté qui, au départ, était vécu comme une véritable petite révolution hertzienne, les choses ont depuis pas mal changé. Quinze ans après, quel est l’héritage de ce qui a été entrepris par TF1 (surtout Endemol), M6 et consort et surtout quelle sont les évolutions actuelles de ce type d’émissions.

1- La découverte d’un phénomène … 

Au début, comme toujours en France, il était de bon ton de tirer à boulets rouges sur ce phénomène que l’on percevait comme une belle connerie venu de pays incultes ( USA & Pays-Bas en tête ) et tout bonnement peu scrupuleux par rapport à leur devoir de morale vis à vis de la société. Ainsi, les intellectuels s’en donnaient à coeur joie, avec un sujet qui semblait offert. Au final, c’est toujours dans la défense d’une certaine idée de la France (big up à l’exception culturelle) que l’ont repoussait en apparence ce format pour mieux l’accepter en secret, c’est un peu comme l’hypocrisie au sujet de MacDo que pas mal de monde descend sans vergogne alors que la France est un des pays ou l’enseigne marche le mieux après les États-Unis (la vieille preuve). 

Recentrons nous néanmoins sur les débuts de ces reality show qui forcément aujourd’hui sont teintés d’une certaine nostalgie (ou pas selon le goût de chacun). Car au commencement, il y eu les candidats qui sentaient bon l’innocence et l’expérience était vécue comme nouvelle et donc attirait tout type de public. Ainsi combien d’entre nous se sont surpris à apprécier sans vraiment comprendre pourquoi d’épier les faits et gestes de ces personnages communs qui affolaient les audiences. Seulement passé le moment de la découverte, quasi-sociologique d’un phénomène à part que pouvions nous espérer de ce type de format ?

En effet, les concept défilent et le spectateur se lasse. Dès lors, fini la liberté et le laisser vivre, les productions doivent maintenant captiver les téléspectateurs. Les casting font donc de plus en plus la part belle aux spécimens bon à alimenter le zapping par la fulgurance de leurs propos. Ainsi chaque émission a ses perles et ses idiots du village. Il ne s’agit plus de vivre une expérience, mais de laisser une trace de devenir quelqu’un de connu, ainsi on scénarise parfois les moindres gestes des participants, laissant peu de place à l’originalité.

2- La surenchère scénarisée … 

Aujourd’hui en temps de crise les investisseurs ne se bousculent pas pour développer des concepts qui coûtent malgré tout assez cher. En effet, la création d’une heure de programme en France est bien plus chère que l’achat d’un programme déjà popularisé ailleurs. C’est donc pour cela que rien n’est laissé au hasard, les candidats devenant plutôt des acteurs. Une multitude d’affaires ont éclatés arguant même que passer sur Koh-Lanta ou l’île de la tentation pouvait être perçu comme un travail (selon les prud’hommes).

Aujourd’hui néanmoins les émissions ne font pas de vieux os, ainsi il n’y a pas ou peu de rescapés des années 2000 et le retour de certains candidats (Moundir, Loana, …) montre bien un véritable essoufflement de ce genre de format. Ainsi, les grandes médias commencent à bouder ce genre de programmes pour les laisser à des chaînes qui se spécialisent sur ce créneaux (NRJ12 notamment et W9). 

Dès lors il n’y avait qu’un pas à franchir pour passer de la télé-réalité à la fiction réalité. Le premier à franchir cette porte sera France 2, par le biais de son format « Le jour ou tout à basculé », qui hausse le niveau de la fiction française à celui d’un sketch des inconnus (sic). Ainsi, tout les clichés sont bons : le gourou qui vole ses adeptes, l’ado qui se rebelle contre ses parents, Robert qui perd son travail et se retrouve SDF. Le but étant de taper dans tous les sujets bien tapageurs et racoleurs pour ratisser large.   

3- La « scripted reality », échelon ultime 

Retour en détail sur ce format qui souhaite rendre fictionnelle la réalité. C’est un peu le pari de cette fameuse « scripted reality ». Ainsi on choisit tout de A à Z comme pour une série ou un film, la seule chose qui change c’est que les acteurs sont choisis pour avoir un ton qui ressemble à Plus belle la vie mais en beaucoup moins bien ( oui c’est possible ) et que la mise en scène est une copie de Confessions Intimes ( voix off, caméra à l’épaule, confessions des protagonistes face caméra).   Unanimement jugé comme une belle bouse, ce format produit par Arthur (la roi de la culture) est pourtant un grand succès. Ainsi en six semaines l’audience est montée de 50% pour atteindre les 600 000 spectateurs, permettant à TF1 d’être leader sur les audiences du matin ( la série passe chaque jour de 11h à midi ). Dès lors, toutes les chaînes (France 2, 3, NRJ 12) se précipite sur ce petit filon et préparent déjà de nombreuses versions de ce format si sympathique.   Pour le mot de la fin, je vous laisse avec un petit extrait d’un autre programme cette fois-ci réalisé par Julien Courbet…