AFP : Un rapport préconise la suppression des tarifs d'achat dans l'éolien et le solaire
PARIS - Un rapport rendu public vendredi préconise la disparition progressive des tarifs d'achat de l'électricité d'origine éolienne et photovoltaïque au profit d'appels d'offres réguliers qui permettraient d'orienter les aides, suscitant des inquiétudes chez les industriels du secteur.
Ce rapport administratif, commandé en juillet par Delphine Batho et Arnaud Montebourg, ministres de l'Ecologie et du Redressement productif, a été mis en ligne alors que se déroule la conférence environnementale jusqu'à samedi.
Contenant 24 recommandations, il doit permettre d'alimenter le débat national sur la transition énergétique, mais ne préjuge pas de décisions que sera amené à prendre le gouvernement ultérieurement, précise le ministère de l'Ecologie sur son site.
Mettant en avant le coût élevé des energies éolienne et solaire, le rapport appelle notamment à mieux concevoir la stratégie de soutien à ces énergies pour l'orienter là où les perspectives de valeur ajoutée et d'emploi en France sont les plus grandes.
Le caractère automatique du dispositif des tarifs de rachat ne permet pas cette orientation, et il conviendrait de décider et d'annoncer sa disparition progressive, au profit d'appels d'offres réguliers qui procurent aux industriels une visibilité nécessaire, selon les rédacteurs du Conseil général de l'Economie, de l'Industrie et des Technologies et du Conseil général de l'Environnement et du Développement durable.
L'opérateur historique EDF est obligé de racheter à un tarif bonifié l'électricité produite à partir des éoliennes et d'une partie des installations photovoltaïques. Ce surcoût est répercuté ensuite sur les consommateurs via une taxe prélevée sur les factures d'électricité.
Le rapport estime aussi que les contraintes de ce type d'énergies (intermittence, stockage, oppositions locales) interdisent d'envisager que les énergies éolienne et photovoltaïque, à elles seules, permettent la diminution de 75% à 50% du nucléaire dans la production électrique française d'ici 2025.
Pour le Syndicat des énergies renouvelables (SER), ce rapport est en décalage avec le volontarisme qui a été affiché par le président de la République sur le développement des énergies renouvelables dans son discours vendredi.
Il y a des mesures qui vont dans le sens d'une simplification du cadre réglementaire, mais les autres recommandations ne sont pas à la hauteur des enjeux que le gouvernement a fixés, a réagi Damien Mathon, délégué général du SER.
Selon France Energie Eolienne (FEE), qui regroupe des professionnels du secteur, ce rapport rate un enjeu historique.
Les auteurs du rapport défendent un modèle énergétique du passé où le nucléaire est une énergie sérieuse et les énergies renouvelables un luxe sympathique mais un peu cher, regrette Arnaud Gossement, avocat spécialisé dans l'environnement.
Certes, le rapport est habile car il évite de tomber dans un réquisitoire anti-énergies vertes. Mais s'agissant des rares mesures favorables proposées, il n'est question que d'y réfléchir!, remarque-t-il.
(©AFP / 14 septembre 2012 18h44)