Chaque année, il y a un moment où j’ai du mal à lire des livres. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que cette année j’ai commencé avec De l’amour de Zadie Smith et que ça m’a tellement plu qu’après j’avais peur d’être déçue et de tout trouver insipide. Alors pour faire front, j’ai lu L’élégance du hérisson de Muriel Barbery. Et puis j’ai commencé un Michael Connelly en version anglaise. J’en suis à la moitié et je bute, j’y arrive plus. J’ai acheté des nouvelles de Dorothy Parker. De temps en temps, j’en lis une. C’est un des auteurs dont je me sens très proche. Mais j’insiste sur le Connelly. J’ai horreur de ne pas lire les livres en entier. Je prends cela comme un échec personnel. Pourtant ce matin à 6h40, je me suis levée et j’ai pris la décision d’arrêter. J’ai commencé un autre livre laissant le précédant en plan en plein milieu.
Comme je ne lis plus depuis quelque temps, j’essaie d’aller au cinéma. J’ai voulu assister à une séance tardive de There will be blood mais c’était complet. Je me suis rabattue sur L’heure d’été d’Olivier Assayas. Joli Casting, Berling, Binoche, Regnier. Film râté. Qu’est-ce qu’elle est détestable cette famille ! Ils ne pensent qu’à eux, leurs carrières, leurs amours, leurs manies. La seule touche d’humanité est chez la bonne que le réalisateur trouve le moyen de ridiculiser au moyen d’un vase. Le réalisateur pense qu’une femme qui sert des artistes pendant des décennies, mais ce n’est qu’une bonne, ne connaît pas la valeur des objets et il pense qu’elle prendrait un vase de sculpteur pour un vase de Monoprix. N’importe quoi.
Le choc Kristin Scott Thomas. Il y a longtemps que je t’aime de Philippe Claudel, l’écrivain. Le scenario est tendu, ficelé, serré. L’actrice est sans fard. Elle parle avec les mots parfois et parfois avec le corps, toujours directe. La famille ressemble à nos familles. Les êtres sont un peu bancals, un peu drôles, un peu autoritaires, un peu protecteurs, un peu fragiles, un peu peureux, un peu courageux et ils s’aiment même blessés. C’est un film très réussi. Il faut juste apporter son paquet de mouchoirs en papier parce que l’émotion à haute dose, ça fait pleurer.
Lorsque j’avais 14 ans, mon père m’a préparé une K7 d’Alain Bashung. Fantaisie militaire. J’ai dit « merci » en trouvant le titre bidon. J’ai récupéré la K7 pour enregistrer les chansons bidons qui passaient sur NRJ à l’époque. Dix ans plus tard, j’ai acheté Fantaisie militaire d’Alain Bashung, parce que j’adorais le titre « La nuit je mens ». J’ai écouté des dizaines ou plutôt des centaines de fois ce disque. Bashung sort un nouvel opus. Bleu pétrole. Il est parfait, j’adore, j’adore, j’adore, tout et en particulier le titre « Tant de nuits », paroles Joseph d’Anvers, qui habite Pigalle, station Anvers, musique Arman Méliès et Alain Bashung. Voilà je ne peux rien vous dire de plus : poésie, mélodie de guitare-violon-harmonica et cette Voix. L'émotion à haute dose qui donne envie de lire, de regarder et d'écouter encore, d'écrire peut-être.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu