Mizuki, qui est aujourd'hui âgé de 90 ans, a vécu cette guerre et cette bataille du Pacifique, que le Japon a durement perdue, laissant le pays dans la honte, le désespoir et le vide spirituel. Mizuki, qui a d'ailleurs perdu son bras gauche dans une bataille (alors qu'il était gaucher, il a dû réapprendre à dessiner avec son bras droit), s'est fait dès les années 60 porte-parole d'un antimilitarisme marqué dans ses mangas (Hai no ki - Journal de fuite).L'auteur explique sa vision des opérations suicides menées par l'état-major japonais : « Selon moi, le fait d’avoir survécu à une «opération mort» n’est en aucun cas une preuve de lâcheté, comme on le pensait à l’époque, mais au contraire un ultime sursaut de résistance comme l’être humain est capable d’en avoir. Rappelons que dans la hiérarchie militaire, un simple soldat était moins important qu’un cheval ; seuls les officiers et sous-officiers étaient placés au-dessus de cet animal. »Dans l'ouvrage Opération mort, nous découvrons avec stupeur que des soldats ayant échappé à la mort dans une opération suicide sont poussés à se sacrifier pour l'honneur du Japon. Il est inconcevable qu'ils rentrent chez eux sains et saufs.
Un témoignage choc sur une période sombre de l'histoire contemporaine, et une culture nippone finalement peu connue du monde occidental, en dehors des clichés traditionnels.
Un article de Dominique Bry pour Médiapart
[Lætitia Le Clech]
Humeur musicale : The XX, Coexist (Young Turks, 2012)