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Martin Eden, Jack London

Publié le 14 septembre 2012 par Chacalito

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J'ai déjà parlé de ma découverte Jack London. Depuis La Vallée de la Lune et Le Talon de fer, sans compter L'Amour de la vie, véritable hymne à l'Aventure, j'ai lu d'autres romans de ce génie: Les vagabonds du rail, Sur le ring, les pirates de San Francisco. Le dernier est considéré comme son chef d'oeuvre, Martin Eden.

L'Histoire se déroule à Oakland (toujours). Martin, un marin un peu gauche et bien bâti, est introduit dans une famille bourgeoise par l'un des fils qui a su compter sur le héros dans une bagarre. Le pauvre diable habitué à la misère se retrouve du jour au lendemain dans une maison qui pourrait être décrite dans les livres. C'est dans cet univers paradisiaque pour lui qu'il rencontre Ruth, une des jeunes soeurs de son compagnon... et qu'il en tombe amoureux.

Par amour pour elle, Martin va travailler d'arrache-pied à la lecture et à l'écriture, ceci afin de pouvoir rivaliser intellectuellement avec ce monde qu'il ne connaît pas. Il décide de devenir écrivain et de vivre de sa plume. Mais à mesure que son talent s'améliore, il comprend les rouages de cette société qu'il découvre: la reproduction sociale, les préjugés. Martin apprend très vite et à mesure qu'il apprend, il coupe de son milieu d'origine. Il rivalise désormais avec les invités de la famille de Ruth et les considère même avec mépris tant il les trouve incultes et surtout superficiels.

Car Martin n'a qu'une ambition: devenir quelqu'un pour l'amour de Ruth. En écrivant... Ruth, elle, voudrait qu'il se trouve "une situation", seule solution pour qu'elle puisse envisager un avenir avec lui. Cela m'a également fait penser à tous ces musiciens à qui l'ont demande quel est leur "vrai métier".

Je ne raconte pas l'ensemble de l'histoire et quand bien même le ferai-je que je vous inviterai à le lire mille fois. Jack London est non seulement un homme dont la vie a été passionnante et passionnée, mais en plus de ça, c'est l'une des meilleures plumes que j'ai eu l'occasion de lire dans ma vie. Je ne m'en lasse pas.

Philosophiquement, ce roman pose énormément de question. Le rapport entre "être et avoir", sur l'individualisme de Nietzsche (que London critique, mais dont la doctrine est suivi par Martin), sur les classes sociales et leurs préjugés également, sur l'alcoolisme, sur le travail. Tout au long du roman, Martin est seul, en marge de la société du fait de ses idées.

London est devenu socialiste (le socialiste du début du 20ème) en se mettant en tête de devenir vagabond (une sorte de voyage initiatique). On a dit que Martin Eden était un livre autobiographique et, par bien des aspects, il l'est puisque London s'inspire de son vécu, mais je ne crois pas que Martin Eden ait jamais été socialiste. Au contraire, la fin du livre nous explique qu'il a perdu les valeurs qu'il avait en étant lui-même, le Martin Eden revenant de mer après de longs mois d'absence.

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Martin Eden m'a fait un peu pensé à ce livre de Keyes, des fleurs pour Algernon. Là aussi, il est question "d'élévation intellectuelle" et de chute ("j'étais le même" se dit Martin). Si les romans ne sont absolument pas les mêmes, l'idée qui reste, c'est que le bonheur ne peut être que partagé (pour reprendre les termes de Christopher McCandless (voir Into the wild). Martin dont la flamme de vie était flamboyante perdra la foi en perdant son amour et ses illusions sur l'Amour. En conséquence, quel est le sens de la Vie, de SA vie...


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