Après le départ de Nicolas Sarkozy, quelle refondation pour la droite en France aujourd'hui ?
Par Mathieu Laine.
Élue confortablement en 2007 sur une promesse de rupture, la droite a perdu, en 2012, de ne l'avoir réalisée. Aujourd'hui, elle doit véritablement rompre non seulement avec les vieilles recettes qui ont creusé son tombeau, mais également, et avant cela, avec son logiciel intellectuel.Sur le plan des références intellectuelles, la droite doit, dans un premier temps, se réconcilier avec la confiance dans l'individu. Le sarkozysme, qui est un ultra-constructivisme, a péché par surinterventionnisme. En cela, il était certes incontestablement de droite. Mais pas une droite moderne : la droite réactionnaire, héritière de Louis de Bonald et de Joseph de Maistre, défiants à l'encontre de la liberté et confiants dans "un roi tuteur" d'un peuple incapable de se gouverner lui-même.
Et il était également incroyablement de gauche. De ce socialisme ancien, obsédé par le mirage de la justice sociale, convaincu hélas que la relance, dont on a fait des "plans", est forcément keynésienne et passe par une demande nourrie de fonds publics. Le résultat est connu : la bulle de la dette privée s'est transformée en bulle de la dette publique, la fiscalité s'est accrue, l'effort et l'innovation ont, en conséquence, été pénalisés, la croissance s'est éteinte, le chômage a retrouvé ses courbes ascendantes, le poids de l'Etat a augmenté. Et Nicolas Sarkozy, malgré et sans doute à cause d'un durcissement nationaliste-protectionniste, de la promesse de faire lui aussi payer des riches qu'il irait même chasser au-delà des frontières et celle de nous protéger tous contre les malheurs de la vie, a échoué.
Mathieu Laine vient de publier le Dictionnaire du libéralisme (Larousse, 720 p.).