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Mon banquier m'insupporte

Publié le 14 septembre 2012 par Montaigu

En ce mois de septembre qui s’achemine gentiment vers le début de l’automne, outre les bonnes résolutions ou les objectifs de « bonne rentrée », l’occasion est donnée aussi de faire le point sur les petites choses qui agacent.

En ce qui me concerne, j’ai décidé de me pencher sur la relation que j’entretiens avec mon banquier qui est sur une pente, me semble- t-il, de lent désamour.

Il y a quelques années, mon banquier dénommé " chargé de comptes ou de clientèle", s’occupait de moi.

On se voyait une fois par an, il me demandait des nouvelles du petit, du canari et du poisson rouge. Vérifiait que tout allait bien. Que j’étais raisonnablement contente. Quand je lui faisais savoir que certains frais étaient déplacés, il avait l’extrême courtoisie de me les supprimer, "extourner" en langage banquier. Besoin d’un crédit : en quelques jours, c’était fait. Quand je dépassais mon découvert, un petit coup de fil avant de me faire les gros yeux. Genre "chère madame, avez-vous noté que…? ".

Bref, je jouais un rôle convenable dans la pièce de théâtre où le rôle principal était tenu par mon banquier.

Depuis lors, je suis reléguée à celui de figurante tout en voyant ma contribution au profit de ce très honorable établissement progresser de façon exponentielle.

Commissions en tout genre : tenue de compte, facturation de relevés de compte, cotisations diverses, le tout pour 15 euros par mois soit 180 euros par an avec lesquels je préfèrerais me faire une bonne bouffe.

Vous dépassez d’un chouia votre découvert autorisé, catastrophe ! Une commission d’intervention vous tombe dessus à chaque prélèvement automatique sur votre compte. Sans compter les agios qui pleuvent

Mes enfants, soyez sûrs d’une chose le banquier, que devrais-je dire, l’usurier se sucre un max sur votre dos.

La relation entre le banquier et son client repose ou reposait sur le crédit,  c’est à dire la confiance que le banquier accordait à son client. Qui était un mélange d’intuitu personae, d’ancienneté et bien sûr de surface financière du client. Le pognon, on y revient toujours. Pour ça, rien n’a changé.

Dans certains banques, cette relation a été automatisée. Vous avez bien évidemment entendu parler du triple A. Et bien pour vous, c'est pareil. La banque établit une note pour chaque compte. Un "score", qui définit clairement la marge de manœuvre dont vous disposez sur votre compte.

Si vous êtes sage, que votre rating est excellent, et que vous avez besoin d’une facilité de caisse, elle vous sera accordée.

Mais si,  sans le savoir,  vous avez déconné, aux yeux de la banque s’entend, par exemple que vous avez dépassé de quelques jours votre découvert et ce plusieurs fois dans l’année, votre score sera dégradé et la banque ne vous accordera aucune souplesse. Il vous faudra être à nouveau très sage pour que votre note soit rehaussée. Evidemment tout ça, la banque ne vous le dit pas.

Vous recevez aussi parfois à votre grand étonnement, des courriers émanant du siège de votre banque, genre circulaire ministérielle, pour vous informer que désormais vous ne bénéficierez plus de tel service, dont vous n’aviez jamais entendu parler avant.

Dans tout ça, que devient mon conseiller clientèle. C’est un banquier désossé ! Il a l’allure du banquier, costume gris et cravate Hermès, sourire plaqué, cheveux bien coiffés, très urbain mais il n’a plus aucun pouvoir. Il est obligé de demander l’autorisation pour tout. Peut-être même pour faire pipi. Un crédit ? Il vous fait remplir les papiers, à charge pour vous de les envoyer à la direction centrale avec un numéro de téléphone au cas où. Et qui sonne des heures dans le vide.

Mais pour les papiers et tout ça, et le sourire, encore faut-il avoir l’honneur de le rencontrer. Le plus souvent vous ne savez pas qui c’est.

Vous avez bien reçu une lettre vous informant que madame trumuche remplace monsieur  spountz, seulement vous n’avez jamais vu monsieur  spountz.

Si d’aventure vous aviez une question pour madame Trucmuche, puisqu’on vous a écrit qu’elle serait votre dévouée  conseillère, vous tombez sur son répondeur. Malgré ses promesses, elle ne vous rappelle pas. Au bout de quelques jours de vains essais, une bonne âme prend pitié de vous et vous fait savoir qu’elle est en formation.

Votre conseiller ne vous connaît plus que par votre numéro de compte.

Vous entendez parler de lui, si vous contrevenez aux règles, voir ce que j’ai écrit plus haut, parce qu’il est tenu par sa direction de tenir au cordeau le portefeuille de clients dont il a la charge. Et la pression est forte. Soit dit en passant, travailler dans une agence doit être un enfer.

Parfois aussi, gagné par un ennui bien compréhensible, à force de se farcir des listings à contrôler, il vous convoque pour " faire connaissance". Très bien. Et une fois devant lui, il vous demande : " pourquoi vouliez-vous me voir ?". 

Dernièrement, j’avais une conseillère charmante. On se connaissait. Ce qui était extraordinaire. On devait se parler de je ne sais plus quel sujet. Vous voyez, ça ne m’avait pas marqué plus que ça. Elle non plus d’ailleurs. Bref je laisse passer quelques mois, février à juin, pas de quoi fouetter un chat. J’ai quelque chose à lui demander. Réponse : elle est en congé maternité, sa remplaçante sera là fin septembre. Vous pouvez parler en son absence à monsieur X. L’idée de devoir annoncer mon numéro de compte comme à la sécu avant de lui causer m’a fait renoncer.

Mon banquier et moi : une nouvelle lutte des classes? 


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