Jan Kounen en a fait des jaloux dans la salle, lorsqu’au moment de nous présenter Baraka, il nous révéla que parmi les nombreuses fois où il avait vu le film de Fricke, il avait eu la chance d’assister à une projection privée du film en 70mm au Max Linder Panorama. L’un des plaisirs de découvrir le film à l’Étrange Festival tenait aussi dans le fait que Kounen nous le présentait. Entendre le réalisateur de Blueberry nous conter sa passion pour le film de Ron Fricke fut bien un plaisir en soit, et avant même le début du film, il était parvenu à nous communiquer son excitation (si cela était nécessaire…).
Lorsque Kounen en eut fini de son introduction et vint s’installer au premier rang, la lumière s’éteignit, la salle se mit à vibrer, et les montagnes de l’Himalaya apparurent à l’écran dans toute leur majesté. Pour l’occasion j’étais descendu plus près encore que pour Samsara. L’immersion devait être totale. Je voulais sentir le poids des images sur moi, ou plutôt non, je voulais m’envoler vers l’écran avec toute la majesté que m’offraient les plans de Ron Fricke. A côté de moi, ma voisine semblait ne pouvoir s’empêcher de souffler sans discrétion au moment d’expirer sa respiration. Au début cela eut le don de m’agacer, mais petit à petit, je me laissai bercer par le film, et bientôt ce souffle à mon oreille se dissipa parmi le son du vent, des instruments, des marées humaines qui peuplent Baraka. L’environnement de la salle disparut-il, celui du film écrasa-t-il ce qui pouvait bien se passer face à l’écran, je ne saurais le dire, mais le monde tel que vu à travers le regard de Ron Fricke accapara toute l’attention.