Pourquoi François Hollande ne m'a pas cocufié ?

C'était acté au soir du 6 mai 2012, François Hollande, tout juste élu à la présidence de la République, ne bénéficierait d'aucun état de grâce et rien ne lui serait épargné. Ainsi donc, la pause estivale n'aura pas permis que les esprits se reposent que les critiques fusent de toute part pour dire que François Hollande a cocufié les français qui lui ont confiés leur destinée pour les cinq prochaines années.

Journalistes en mal d'information croustillante ou représentants d'une opposition orpheline du pouvoir dont elle peine d'être privée, s'interrogent, s'insurgent, crient ou balbutient à qui veux bien l'entendre, que le nouveau président est un fieffé coquin ! Même le français étendu paisiblement sur sa serviette, s'est fait harcelé sur nombre de plages pour dire devant les caméras tout le mal qu'il pense de ce bandit, ce voyou, qui avait tant promis mais qui n'avait pas tout dit !

Toujours à contre courant, éternel insatisfait ou volontairement serein, j'affirme ici haut et fort que non, je ne regrette rien, que non, François Hollande ne m'a pas cocufié ! Il faut être bien triste ou bien faible pour penser ou même espérer, qu'une victoire du candidat de la gauche allait résoudre tous les maux qui pourrissent notre société.

Parlons en toute franchise. Soyons un brin honnêtes avec nous même. Nous sommes nombreux à ne pas avoir voté François Hollande par adhésion totale au personnage ou aux idées qu'il a défendu. Nous avons voté pour lui avant tout, pour ne pas subir cinq ans de plus sous Nicolas Sarkozy !

Poussons un peu plus loin cette scandaleuse annonce en disant très clairement que c'est sous ce même Nicolas Sarkozy que les français ont réalisé -dans la douleur- que leur société d'après-guerre avait été bâtie sur un vaste mensonge. Un mensonge éhonté où on leur ont fait croire que tout était merveilleux et acquis dans notre beau pays de France. Un funeste mensonge où des générations ont été assistées sous couvert d'une opulence aujourd'hui envolée.

Certains en leur temps, nous avaient promis que des biens comme la santé ou les énergies seraient inépuisables et nous seraient accessibles à bas prix. Ces gens ont menti. Nous en avons profité très largement en jouant les cigales insouciantes et en refusant d'ajuster nos comportements au réalités du moment.

La victoire de François Hollande en mai 2012 est avant tout la coalition des intérêts personnels de nombre de français de repousser (pour combien de temps encore ?) l'échéance des efforts et des sacrifices qui leur sera demandé ! François Hollande n'a jamais caché que son quinquennat serait un remake de la promesse faite par Winston Churchill à son Peuple : "Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur".

Non, au-delà de tout cela, je maintiens et j'assume que François Hollande ne m'a pas cocufié ! J'ai voté pour lui en conscience et en pleine connaissance des lendemains douloureux qui attendaient la France. J'ai voté pour lui car durant les cinq dernières années j'avais perdu la fierté d'être français.

La souffrance que m'a imposé la présidence de Nicolas Sarkozy n'est pas matérielle. Elle est morale. Ceci n'est pas le délire d'un socialo-boboisé ! C'est la part de vérité d'un français qui n'entendait plus se sentir humilier par l'hégémonie d'une pensée où la République était effritée.

A la manière de Guillaume Apollinaire : « Il vaut mieux être cocu qu'aveugle. Au moins, on voit les confrères. »