Au demeurant, si on en croit mon papou d'amour je ne suis pas née sous une étoile étincelante, en vrai j'ai une poisse d'enfer. Nan mais attends, je ne me plains pas hein! C'est pas la poisse des grands jours, juste la poisse des petites choses un peu chiante, pas trop mais un brin relou, tu vois ce que je veux dire?
En général sur le coup, c'est un peu chiant et/ou très énervant mais ensuite ça fait des trucs rigolos à raconter aux copines qui elles, tu t'en doutes, en rient bien plus que de raison.
En 36 ans, j'en ai vécut des moments de "pas de chance" mais l'enchainement parfait des poisses d'hier, ça c'était une grande première!
En y repensant, je crois que c'est les réactions aux évènements que je venais de vivre qui ont enchainé les suivants... ou pas. J'en sais rien en vrai mais crois-moi hier, j'avais qu'une envie: être au lendemain.
Et c'est finalement, le premier "incident" qui reste collé à mon cerveau qui se fait des noeuds en se demandant tous les quarts d'heure, si j'ai eu raison d'agir ainsi...Je te resitue le truc!
Hier donc, il est 10h30 environ quand je sors de Saint Lazare pour me diriger vers un arrêt de bus. Je marche en mode automatique, l'esprit ailleurs quand des cris me ramène à l'instant présent en 3 secondes. Sous l'arrêt de bus, une femme hurle et pas de chance, c'est pile sous celui que je dois prendre. J'avance à reculons tout en étant intriguée de savoir ce qui la met tant en colère, elle a l'air vraiment en pétard (ou possédée), et puis elle s'agite drôlement. Mon regard est tombé sur l'enfant contre lequel elle hurlait en même temps que la gifle de sa mère. Et moi, j'ai pris un coup de poing virtuel au même moment!
J'accélère le pas et sans réfléchir, me mets devant cette femme, je ne croise le regard du petit garçon qu'une demie seconde en me postant devant lui, il est à terre sous l'intensité du geste et je n'entends que ce hoquet de tristesse qu'ont les enfants après une grosse crise de larmes, j'ai les tripes au bord des lèvres.
Je suis là devant elle, elle m'insulte, m'ordonne de me mêler de mes affaires et je reste face à elle sans un mot parce qu'à ce moment là, j'ai besoin de remettre de l'ordre dans mes idées. Ok, je me suis interposée mais ensuite qu'est-ce que je dois faire? Appeler les flics? Suis pas certaine qu'ils se déplacent assez vite et est-ce vraiment eux qu'il faut appeler dans ces cas-là?
Il y a cet homme d'une quarantaine d'années qui est resté assis, qui n'a pas bougé, qui était là depuis le début et qui ne lève pas le nez de son putain de journal! Une ado aussi est adossée à l'abri de bus et tripote frénétiquement son portable.
La dingue continue de me hurler dessus en se rapprochant physiquement de moi, elle sent la vinasse et son teint est si jaune. C'est quand elle est à moins de 10 cm de mon visage que je sors de ma torpeur et la repousse violemment en répondant à ses insultes.
Quand les agents de sécurité interviennent, je me rend compte qu'il y a une dizaine de personnes autour de nous, mais personne ne s'est interposé ou a essayé de calmer cette femme. Un des agents m'emmène à l'écart et me demande ce qu'il s'est passé, je lui raconte, il regarde autour de lui, me pointe une caméra de vidéosurveillance et me dit qu'ils vont faire le nécessaire, il prends mes coordonnées et me souhaite une bonne journée.
En partant, j'ai les larmes aux yeux, j'ai envie de me retourner, de sourire à ce petit bonhomme qui ne doit pas avoir 6 ans mais je n'ai pas eu le courage. Mon sourire se serait voulu bienveillant, rassurant hors rien ne me permettait de lui promettre ça dans un sourire. Si je m'étais retournée, je crois que j'aurais couru vers lui le prendre dans mes bras, le consoler...
Je suis nulle, perméable au possible à la violence, j'avais le coeur en vrac, les viscères en feu. Il me fallait de l'air, j'ai marché et j'ai vomit un peu plus loin dans le caniveau du boulevard des capucines, sous l'oeil des touristes qui ont du me prendre pour une junkie. Pas grave.
Je m'arrête à une terrasse d'une brasserie du boulevard des italiens, commande un soda, descend aux toilettes me défaire des ravages du mascara et reprends des couleurs doucement. C'est bizarre, je n'arrive même pas à repenser à ce qu'il s'est passé, je suis comme anesthésiée.
Si loin de l'endroit où je suis physiquement que je n'entends pas qu'on m'appelle, jusqu'à ce qu'un visage s'approche si près de moi que je sursaute. Il prononce encore mon prénom mais je ne réponds toujours pas, je reconnais vaguement le visage, mon cerveau se remet sur ses rails (mais de travers), j'ai reconnu, ma bouche s'ouvre et répond "non, vous faites erreur, désolée".
Je suis une idiote. Il regarde à droite et à gauche, scrute l'intérieur pensant voir sortir un quelconque accompagnateur qui m'aurait fait répondre ça, je relève les yeux vers lui qui reste planté là et hausse les épaules en répétant, "désolée".
Dans d'autres circonstances, ça m'aurait déjà fait chier de tomber sur lui, mais là c'est tout bonnement impossible. Je cherche mon téléphone et je feins de composer un numéro, j'ai besoin de me trouver une consistance. Je le regarde s'éloigner du coin de l'oeil, pose 4,50€ (putain, bordel!) pour mon soda et déguerpit en vitesse, je prends la première rue sur ma droite, je sais que je me dirige vers le Louvre et décide de marcher tout droit.
Mon esprit cherche à comprendre ce qu'il vient de passer, je regarde derrière moi et bien évidement il ne m'a pas suivit. Je me demande s'il m'a cru, si j'ai au moins réussit à le faire douter ou si il me prend définitivement pour une folle furieuse. Je continue de marcher et atterrit dans les jardins du Palais Royal dire que j'étais là, il y a quelques semaines avec ma copine Fifi à rigoler et à me goinfrer (pas en même temps, t'inquiètes^^).
Je décide de me poser sur un banc quelques minutes, il est midi passé et tout est encore à peu près calme, j'ai envie d'en profiter un peu, c'est tellement rare sur cette place.
Si tu comptes bien, je viens de m'enquiller deux poisses l'une après l'autre et en écrivant ce billet, je me trouve bien naïve de n'avoir pas su anticiper et être restée là, sous les énormes marronniers feuillus de ce jardin. Oui, je suis sûre que là, tu vois où je veux en venir...
Un pigeon malade (oui, vu l'énormité du truc il devait être en phase terminale) a cru bon qu'il fallait m'achever et s'est donc gentiment laissé aller sur le sommet de mon crâne fraichement coloré.
Y a-t-il autre chose à rajouter à cette putain de journée? Non, je crois que les comptes étaient bons...