Mais sans débat, sans idées, sans échange.
L'an passé, les mêmes reprochaient au PS d'occuper les ondes et les esprits avec ses primaires citoyennes. Il faut avouer que l'enjeu était d'importance, la désignation d'un candidat à la présidentielle. En 2008, le Congrès de Reims du Parti Socialiste avait également agité la galerie (et la gauchosphère).
Cette fois-ci, tandis que la presse de gauche (comme de droite) s'enflamme contre François Hollande, l'UMP se dispute et se déchire sans qu'on comprenne ce qui distingue les différents protagonistes. Bruno Le Maire, l'ancien ministre agricole de Sarkozy et ancien disciple de Dominique de Villepin, semble chercher la confrontation des idées. Mal lui en a pris. Quand l'idée d'un débat télévisé fut retenu entre ces candidats à la présidence de l'UMP, il en fut exclu.
Le duel s'organise autour de Copé et Fillon. Les deux affichent leurs brevets de sarkozysme. Le premier a reçu le soutien de Jean Sarkozy, l'ex-futur président de l'Epad. Le second a embauché Christian Estrosi. Dans une indiscrétion au JDD, on apprend que Sarkozy ne trouve pas Fillon « loyal ». Mais l'ancien monarque juge Copé « hypocrite ».
Ce 9 septembre, Jean-François Copé était l'invité de Dimanche+. Pour sa rentrée dominicale, l'émission avait fait les choses en bien. Le leader de l'UMP a pu dérouler son programme pour la présidence de l'UMP. Comme il faut bien marquer des points à la droite de la droite de son parti, le voici qu'il martèle son antienne contre l'Aide Médicale d'Etat. Sarkozy avait fait voter une franchise de 30 euros pour les clandestins susceptibles de bénéficier de cette aide auparavant gratuite. Le gouvernement Hollande a supprimé cette franchise, une aberration sanitaire. Mais Copé insiste: «Il n'est pas question de supprimer l'AME pour les urgences ou les enfants, mais pour les soins de confort, il faut en discuter .»
Car Copé ne souhaite pas seulement facturer un droit d'entrée aux clandestins. Il souhaite carrément supprimer l'AME « à l'exception naturellement des situations d'urgence ». C'est une aberration sanitaire, dénoncée par de nombreux médecins. Copé aimerait aussi nous faire croire que l'AME couvre n'importe quels soins aussi bien qu'une mutuelle privée ! Et jour après jour, il insiste. Il nous l'a dit, en meeting mardi dernier. Même pour de simples primaires internes, la campagne UMPiste se jouerait donc sur des thèmes d'extrême droite... Sarkozy était encore bien là...
Au Touquet, où les Jeunes Pop tenaient leur université d'été, le secrétaire désigné attaqua encore les barons de l'UMP, supposés ralliés à son rival Fillon. En coulisses, il paraît que Xavier Bertrand négocie son ralliement à Copé (incroyable !)...
« Je suis plutôt le candidat des militants dans la mesure où j'ai cette immense chance d'être à la tête de ce parti depuis près de deux ans maintenant, veut croire Jean-François Copé. Nous avons vécu lors de la campagne présidentielle auprès de Nicolas Sarkozy, même si nous avons été battus, des moments absolument exceptionnels. C'est vrai que ça a créé un lien -politique sans doute, mais surtout affectif- extrêmement fort.»A l'UMP, quand même, certains de la droite populaire préféraient s'indigner, ou pas, de la récente annonce de Bernard Arnault de se faire naturaliser en Belgique. Jacques Myiard lâcha ainsi: « Si un grand patron français n'a pas d'autre sentiment patriotique que l'affection qu'il porte à son compte en banque, il ne mérite que le plus profond mépris ! » L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Frédéric Lefebvre, a appelé à ne pas lancer des «anathèmes» contre le patron de LVMH.
Le même Arnault a justement tenté d'éteindre la polémique ce dimanche: «Je suis et je resterai fiscalement domicilié en France et, à ce titre, je remplirai, comme tous les Français, l’ensemble de mes obligations fiscales» .
Mardi, Manuel Valls fait encore parler de lui. Jour après jour, il prive l'UMP d'une belle fraction de son argumentaire sécuritaire qui dérapait jusqu'aux Roms. C'est déjà bien, mais c'est aussi largement insuffisant. A droite, on grimace, sauf Serge Dassault qui ose applaudir. Brice Hortefeux, jeudi sur France Info, tente de convaincre une journaliste que l'on devine médusée qu'à cause du discours gouvernemental général (?) et de Christiane Taubira en particulier, les atteintes aux personnes ont explosé depuis l'élection de François Hollande... Cela fait 10 ans que ces atteintes aux personnes augmentent d'année en année !
Mardi à l'Assemblée, convoquée de façon anticipée, les députés UMP hésitent sur l'attitude à adopter contre le projet de loi sur les contrats d'avenir. Certains critiquent mais annoncent qu'ils voteront le texte, comme Yves Jego, ancien ministre de Sarkozy. Mais d'autres dérapent de façon assez indigne. Pierre lellouche, député de Paris, a qualifié le projet de « clientélisme électoral ». Il a accusé le gouvernement de réserver ces 150.000 contrats d'avenir à des jeunes bien choisis pour s'en acheter le vote lors des municipales de 2014.
Mercredi, Jean-François Copé s'indigne du futur débat parlementaire sur le mariage gay et l'homoparentalité - lancée la veille par les ministre Vallaud-Belkacem et Taubira: « Je trouve cynique que la gauche instrumentalise des sujets de société à des fins strictement politiciennes ». On peut s'étrangler de rire ou de rage. Copé aurait-il oublié le funeste fiasco du débat sur l'identité nationale - entre novembre 2010 et mars 2011 ?
D'autres UMPistes, comme son collègue Franck Riester, préfèrent railler la désignation d'Harlem Désir au poste de Premier Secrétaire. Riester communique sur des « tractations de couloir »... Entre la désignation de Copé par Sarkozy lui-même à la tête de l'UMP et les marchandages de parrainage pour l'élection interne actuelle... Riester parle d'expérience...
Comme disait Jacques Chirac, plus c'est gros, plus ça passe...