[Critique] ROAD DOGS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

L’Étrange Festival 2012

Titre original : Road Dogs

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Shane Aquino
Distribution : Peppermint Creeps, Heavenly Trip to Hell, Kettle Cadaver…
Genre : Documentaire/Musique
Date de sortie : Indéterminée

Le Pitch :
En suivant trois groupes de metal avant, pendant et après leurs tournées, Shane Aquino signe un documentaire sur la vie de musiciens sur la route, où se mêle rire, désillusions, joies et larmes. H.T.T.H, Peppermint Creeps et Kettle Cadaver sont les groupes suivis dans ce reportage d’une heure et demi…

La Critique :
Dans les années 90, Shane Aquino quitte l’école de cinéma dans laquelle il étudie pour faire un film avec l’argent qu’il avait économisé. Ce film, c’est un documentaire sur la vie de trois groupes de metal en tournée… Sans fard, sans faux-semblants et « Uncensored ».
Shane Aquino aura mis sept ans à finaliser ce projet avant de le présenter aux spectateurs (et il n’a pas été aidé par l’ex-femme de Traci Michaelz, batteur de Peppermint Creep, qui à tout fait pour interdire le film). Bref, Aquino en a bavé, mais vu la qualité du résultat, il peut être fier.

Car, je le dis tout net, si vous aimez le metal, il vous faut voir ce film. Parce que c’est une réussite, parce que c’est passionnant et parce que c’est un témoignage hardcore, fidèle et sans concession de la vie de groupes « on the Road ». Depuis quelques années maintenant, les documentaires sur le metal se sont multipliés. Dans cette nébuleuse plus ou moins opaque, on a vu émerger quelques pépites comme Heavy Metal in Bagdad et des daubes, hélas trop nombreuses pour que je les cite.
Dans Road Dogs, Aquino part de dix règles d’or qu’il faut suivre lorsqu’on est en tournée. À partir de ces tables de la loi métallique, il découpe son documentaire en tranches de vie des groupes, apportant ainsi une vision empreinte d’un réalisme très terre à terre. Et quand je dis réalisme, c’est réellement à prendre au pied de la lettre : drogues, sexe et bastons, rien n’est caché dans ce documentaire qui n’a pas peur de montrer une certaine folie… Une folie connue de tous mais en général absente des images des docs.

Donc entre deux rails de coke, trois riffs de guitares et deux coups de latte on découvre trois combos assez underground. H.T.T.H pratique un metal moderne bien groovy et rentre dedans, Peppermint Creeps du glam punk et Kettle Cadaver un metal direct industriel et brutal. Différents dans la musique, les groupes sont aussi très différents dans l’attitude. Les H.T.T.H sont certainement les plus pragmatiques, solides et armés d’une éducation de rue, qui leur fait appréhender le music business avec l’assurance de gars fiers et pas dupes au sujet de la réalité qui les entoure. Le chanteur, Gerardo Christ, était présent à l’avant-première de L’Étrange Festival et a profité pour serrer quelques pognes et distribuer quelques cartes de son magasin de tattoo No Regrets à la Los Angeles. Sérieux donc…bien qu’enclin à faire la fête dès que l’occasion se présente.

Peppermint Creeps, c’est le groupe coincé entre les New York Dolls et les Sex Pistols. Un peu comme Murderdolls en moins crado. Volontaires, fêtards et typiquement hollywoodiens, les californiens semblent faire comme si les lendemains n’existaient pas…
Et puis Kettle Cadaver, pour finir qui sont les plus trash et les plus méchants. Edwin Borshein, le leader du groupe ne conçoit le metal que comme une musique underground, provocatrice, dangereuse et violente. Féru de performances sanglantes, de bagarres dans des cages de fils barbelés, Borshein est un fou furieux qui emprunte autant au black metal, qu’au catch extrême, en passant par les bagarres de rues, les piercings vaginaux et les performances scéniques à la Mad Max. Visuellement marquant, le groupe fait preuve d’une fureur incroyable à la fois auto destructrice et salvatrice car le permettant de sortir toute la négativité qui est en eux.

Je ne veux pas trop vous raconter ce qu’il se passe dans ce doc. Même s’il ne passe pas en salle et qu’il sort directement en DVD, il faut que vous fassiez l’effort de le chercher et de le débusquer. Parce que c’est génial, fait par des passionnés pour des passionnés et foutrement honnête. Ponctués de drames et de désillusions, ce doc va bien au delà de la musique, du metal et de la vie sur la route. Il parle de nous tous, de ce qui nous passionne et nous lie.
Il n’y a pas très longtemps, un amateur de hip-hop nous avait demandé à mon amie et à moi, si c’était vrai « que le rock avait perdu ses couilles », comme le disait le M.C Youssoupha. « Non, il n’a pas perdu ses couilles. Il y a toujours des groupes qui provoquent et font avancer la musique. Ils sont juste moins connus maintenant » avais-je répondu.
Et bien si je devais répondre aujourd’hui à cette question, je répondrais : « Regarde Road Dogs et tu verras ».

@ Pamalach