Le père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, avait déjà diffusé la veille une déclaration, condamnant les provocations d’un film islamophobe ayant entraîné des manifestations anti-américaines violentes en Egypte et en Libye. Selon le père Lombardi, “le très grave attentat organisé contre la représentation diplomatique américaine en Libye, avec la mort de l’ambassadeur lui-même et d’autres fonctionnaires, mérite la plus ferme condamnation de la part du Saint-Siège“. “Rien ne peut justifier en effet l’activité des organisations terroristes et la violence homicide“, a-t-il encore souligné.
Implicitement, le Saint-Siège semble ainsi donner crédit à la thèse d’une attaque organisée, plus qu’à celle d’un mouvement populaire spontané. En effet, les violences ont éclaté après la diffusion du film sur la toile. Le ‘porte-parole’ du Vatican a alors formulé le “souhait renouvelé que malgré ce nouvel événement tragique, la communauté internationale puisse trouver les meilleures voies pour poursuivre son engagement pour favoriser la paix en Liban et dans tout le Moyen-Orient“, alors même que le Saint-Père délivre des messages de paix avant son voyage au Liban.
Le veille, le père jésuite avait déjà diffusé une déclaration suite aux évènements qui avaient embrasés Benghazi et le Caire le 11 septembre. Suite aux attaques de groupes islamistes contre les ambassades américaines en Egypte et en Libye en réaction à la diffusion d’un film islamophobe, le Saint-Siège avait déploré les “résultats tragiques“ de “provocations et d’offenses injustifiées envers la sensibilité des croyants musulmans“. Il avait dénoncé les tensions et la haine menant au déchaînement d’une violence “absolument inacceptable“.
Le père Lombardi avait également assuré que “le profond respect pour les croyances, les textes, les grands personnages et les symboles des différentes religions (était) une donnée de base essentielle de la cohabitation pacifique des peuples“. Cette première déclaration dénonçait presque davantage la provocation que la violence entraînée. Le Vatican justifie cette 2e déclaration par une meilleure connaissance du cadre des évènements, après une réactio ‘à chaud’ à l’annonce de la mort de membres du corps diplomatique américain en Libye.
Le film à l’origine de ces troubles, L’innocence des musulmans, serait signé par un Israélo-américain qui décrit l’islam comme un ‘cancer’ et met en scène le prophète Mahomet . Mais en Egypte, la perception répandue par certains médias et par des prédicateurs fondamentalistes est qu’il a été réalisé par des coptes vivant aux Etats-Unis. Des groupes islamistes ont ainsi vivement réagi en Egypte et en Libye à ce qu’ils considèrent être une œuvre blasphématoire. Les ambassades américaines du Caire et de Benghazi ont ainsi été attaquées le 11 septembre en signe de représailles : drapeaux brûlés, dégradations, incendies.