En règle générale l’on trouve des meurtres maquillés en suicides. Y compris dans la littérature policière ou chez l'inspecteur Colombo et autres séries télévisées. La seule exception qui me revint en mémoire est la diabolique machination démontée de main de maître par Sherlock Holmes dans « L’énigme du Pont de Thor »… quand je le lus il y a déjà fort longtemps je me doutai bien de quelque stratagème pour faire disparaître l’arme du suicide en même temps qu’elle faisait son œuvre mais sans arriver à trouver la clef de l’énigme.
J'eus l'attention attirée par une brève d’Europe 1 Lot-et-Garonne : un suicide maquillé en meurtre (6 sept. 2012). Mais je n’imaginai nullement ce que je découvrirais. Effectivement et pour diverses raison - contrat d’assurance excluant le suicide, morale religieuse (selon les canons les plus stricts les suicidés n’ont pas droit à des obsèques religieuses, etc.) des personnes de l’entourage peuvent être amenées à faire passer un suicide pour un meurtre ou plus banalement un accident.
Rien de tel dans les faits tels que les rapporta Bastien Souperbie dans Sud-Ouest Sainte-Radegonde (47) : il maquille son suicide en meurtre (6 sept. 2012). Une vengeance posthume contre son frère ! J’ai beau savoir que dans certaines familles les relations sont loin d’être « un long fleuve tranquille » je mesure quelle charge de haine et de rancoeurs accumulées peuvent avoir présidé à une telle mise en scène.
Les faits remontent à début juillet 2012 et furent relatés par Bastien Souperbie et Thomas Mankowski Mort mystérieuse à Villeneuve-sur-Lot (47) (Sud-Ouest 4 juil. 2012). Beau titre pour un polar ! Sainte-Radegonde étant un gros hameau de Villeneuve-sur-Lot. Ils eurent précisément pour cadre un « écart » de ce hameau au lieu dit Plantou dans la ferme où le frère du « suicidé » est éleveur de vaches à viande et pruniculteur. Les relations étant particulièrement tendues entre les deux frères et la police de Villeneuve-sur-Lot était souventes fois intervenue pour séparer les deux frères qui en venaient facilement aux mains lorsqu’ils se disputaient.
Le suicide - telle fut la première hypothèse retenue par les policiers alertés vers 9 heures de la découverte du corps sans vie d'un quinqua-génaire dans un champ de pruniers à côté de la ferme et qui a priori s’était tiré une balle dans la tête à l’aide d’un fusil de chasse retrouvé près du corps. Mais très vite, ils constatèrent certains éléments pour le moins troublants - dont, entre autres, le positionnement du corps et du fusil ; s’il n’y avait eu que cela ! - le parquet d’Agen saisit donc l’antenne agenaise du SRPJ de Toulouse qui prit le relais.
Le frère de la victime fut placé en garde à vue à l‘hôtel de police d‘Agen, les policiers croyant plus que modérément à la thèse du suicide car plus encore que la position du corps et de l’arme d’autres éléments leur parurent encore plus troublants selon un autre article de Bastien Souperbie Villeneuve-sur-Lot (47) : La thèse du suicide fragilisée (Sud-Ouest 5 juil. 2012).
D’abord, le mort était en chaussettes et celles-ci étaient propres, trop propre en tout cas pour qu’il eût marché depuis chez lui alors qu’il vivait seul dans la maison familiale depuis le départ de ses parents, située à Lamothe Fey sur la commune de Monflanquin à près de 4 kilomètres et que les policiers ne trouvèrent aucun véhicule lui appartenant à proximité de la ferme de son frère. Plus troublant encore : ses bottes furent retrouvées chez son frère !
Néanmoins, le frère de la victime fut relâché (Sud-Ouest 6 juillet 2012) sa garde à vue étant levée, il quitta l’hôtel de police libre. Sans pour autant qu'apparemment les doutes fussent levés. Ils le furent définitivement selon l’article d’aujourd’hui déjà cité « Sans les actes de police scientifique qui n'ont décelé aucune trace de poudre sur les mains du frère, ce dernier aurait potentiellement pu souffrir de graves ennuis ».
On se demande d’ailleurs bien pourquoi il aurait retiré les bottes de son frère pour les cacher stupidement chez lui. De même, l’on imagine mal la victime à qui le fusil de chasse devait vraisem-blablement appartenir (cela n’est pas précisé) se laisser trucider sans réagir. Même en supposant une altercation entre les deux frères et que le supposé meurtrier eût saisi l’arme et tiré, volontairement ou non, on ne peut supposer une bagarre qui ne laisse aucune trace ni sur le corps de la victime ni sur celui de son agresseur non plus que sur le lieu du drame.