Distante et sensuelle, un contraste qui fit son succès avec sa beauté sereine
et émouvante. Star, princesse et mère, et un don pour s’occuper des autres.
Il y a tout juste trente ans, le 13 septembre 1982, une mère de famille de 52 ans prit sa voiture et emmena sa fille de 17 ans à une activité artistique. Passage
vingt-huit années en arrière, lorsque pendant l’été, elle emprunta la même route de corniche faite de grands lacets. Sueurs froides. Suspense dramatique.
Dans "La Main au collet" ("To Catch a Thief"), tourné en été 1954 et sorti le 23 décembre 1955, Alfred
Hitchcock voulait imposer aux spectateurs la frayeur de la route de Monaco. Le 14 septembre 1982, l’actrice principale Grace Kelly s’éteignit à la suite d’un grave accident et sa fille, Stéphanie, réussissait à survivre malgré une grave blessure aux cervicales. Le 18 septembre, parmi les
invités à la triste cérémonie, la princesse Diana Spencer qui, elle aussi, allait périr dans un grave accident de voiture, à Paris, le 31 août 1997, il y a juste un peu plus de quinze ans.
Deux destinées d’épouse principale de famille monarchique européenne à la limite de l’anachronisme qui firent
rêver à la fois les tabloïds et leurs lecteurs et qui s’achevèrent dans l’effroi et la consternation. Deux familles qui firent également l’actualité de l’année 2011 par deux mariages princiers mondialement médiatisés dont Kate et Charlène devinrent
les nouvelles égéries.
Mais laissons Diana et revenons à Grace.
Grace, un prénom en accord avec la beauté de la très jeune fille qui eut dès l’âge de 25 ans un oscar de la
meilleure actrice pour "Une Fille de la province" ("The Country Girl") de George Seaton. Née dans un milieu aisé de Philadelphie le 12 novembre 1929 (elle n’aurait aujourd’hui que 82 ans), Grace
reçut son prénom en hommage à sa grand-mère paternelle (qui avait déjà été très déçue que l’aînée de la famille n’eût pas reçu ce prénom en souvenir de sa dernière fille morte très jeune).
Grace Kelly commença à 20 ans une carrière fulgurante au cinéma. L’un de
ses "lanceurs" fut le génie du suspense Hitchcock qui l’a encadrée dans trois films qui connurent un très grand succès, "Le Crime était presque parfait" ("Dial M for Murder"), "Fenêtre sur cour"
("Rear Window"), film précurseur de la téléréalité, où Grace campait la girl friend d’un blessé de la jambe devenu commère et voyeur, et enfin, comme signalé plus haut, "La Main au collet".
Grace Kelly devenait Grace de Monaco le 18 avril 1956 après avoir rencontré pour la première fois le Prince
Rainer III de Monaco (32 ans) au Festival de Cannes en avril 1955. Un mariage (où François Mitterrand
représentait la France) qui n’est pas sans faire penser au mariage de Carla Bruni et de Nicolas Sarkozy le 2 février 2008 après seulement quelques mois de rencontres (j’aime la provocation par
analogies !).
À partir de ce mariage princier, Grace arrêta sa (courte) carrière cinématographique (onze années, une
quarantaine d’épisodes dans des séries télévisées et onze films dont "Le Train sifflera trois fois", "Mogambo", "Haute Société") pour se consacrer exclusivement à sa famille princière qui
s’enrichit, grâce à elle, de trois enfants, Caroline (née le 23 janvier 1957), Albert (né le 14 mars 1958), devenu Albert II de Monaco le 6 avril 2005 à la mort de Rainer, et Stéphanie (née le
1er février 1965), chanteuse de deux tubes entre 1986 et 1992.
L’image de la beauté féminine sur papier doré se transforma naturellement en pasionaria des causes
humanitaires et culturelles : Croix-Rouge de Monaco, Festival des arts de Monaco, Garden Club de Monaco (elle s’était passionnée pour les roses et avait pressenti l’importance de la
protection de l’environnement), Association mondiale des amis de l’enfance (pour venir en aide aux orphelins et enfants maltraités), et aussi la Fondation Princesse-Grace-de-Monaco qu’elle avait
créée en 1964 et qui est présidée depuis sa disparition par sa fille aînée Caroline, qui s’occupe entre autres de la formation en danse et en musique, de bibliothèques, d’hôpitaux, de recherche
médicale et de plein d’autres projets humanitaires.
En épousant Rainer III, Grace acquit plus d’une centaine de titres de noblesse, aussi folkloriques et
inutiles que "duchesse de Mayenne", "marquise de Guiscard", "marquise de Chilly-Mazarin", "comtesse de Thann", "comtesse de Longjumeau", "baronne de Massy", "baronne de Saint-Lô", "dame de
Matignon" etc.
Et en s’écrasant contre le rocher de Monaco, elle laissa ses proches et ses admirateurs dans la plus grande
stupeur.
L’acteur James Stewart (1908-1997), son partenaire particulier dans "Fenêtre sur cour", résumait ainsi
l’émotion collective : « Vous savez, j’ai aimé Grace Kelly. Pas parce qu’elle était une princesse, pas parce qu’elle était une actrice, pas
parce qu’elle était mon amie, mais parce qu’elle était la dame la plus merveilleuse que j’ai jamais rencontrée. (…) Elle va me manquer, elle va nous manquer à tous. Que Dieu te garde, Princesse
Grace ! ».
Autre partenaire dans un film de Hitchcock, Cary Grant (1904-1986), dans "La Main au collet", n’hésitait pas
à exprimer sa préférence : « Bon, avec tout le respect qui est due à la chère Ingrid Bergman, j’ai préféré de loin Grace. Elle inspirait la
sérénité. » [Ingrid Bergman (1915-1982) est morte seize jours avant Grace Kelly].
Après vingt-six ans de mariage, Rainer III resta veuf et ne s’est jamais remarié pendant les vingt-deux
années qui lui restèrent à vivre. Leur fils Albert mit, quant à lui, cinquante-trois ans à se marier (avec la belle nageuse Charlène) et c’est sa sœur aînée Caroline l’actuelle héritière du trône
et doyenne de la famille Grimaldi (et sa nièce aînée, Charlotte, est en troisième position sur la liste de succession).
C’était l’histoire d’une petite fille qui voulait être star, princesse et mère.
Et qui l’a été.
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (13 septembre
2012)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Monarchie
britannique.
Monarchie grecque.
http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/you-know-i-just-love-grace-kelly-122615