On se souvient tous des inondations en Thaïlande de l'année dernière et de leur ampleur sans précédent. On se souvient de ces images de Bangkok dont de très nombreux quartiers avaient été durement touchés, du 2e aéroport de la ville fermé, du Grand Palais et du Wat Po dans l'eau, sans oublier les impressionnantes images d'Ayuttaya où le niveau de l'eau atteignait parfois près de 2 mètres. Et on pourrait citer d'autres villes, d'autres images, tant les inondations en Thaïlande de 2011 avaient envahi le Nord et le centre du pays. Et un an après qu'en est-il ?
Le gouvernement qui avait mis en place un plan anti-inondations, construit des digues, installé des systèmes d'évacuation de l'eau et de pompage et fait de la protection de sa capitale, la priorité numéro un, joue très gros. La Première Ministre Yingluck, en tête. La population attend des résultats. Les investisseurs étrangers dont les usines dans la banlieue de Bangkok avaient été noyées et plus opérationnelles pendant des semaines entraînant une pénurie de disques durs notamment dont la Thaïlande est le premier producteur mondial, ont besoin que les paroles rassurantes des autorités thaïlandaises se confirment à l'épreuve des faits. Car tout le monde s'accorde à dire que le phénomène, certes exceptionnel de l'an passé, le sera de moins en moins. L'enjeu est énorme, économiquement, politiquement et pour la population qui ne veut plus vivre dans la menace permanente de tout perdre et de risquer sa vie car les inondations font d'énormes dégâts matériels certes mais surtout elles tuent. Plus de 560 victimes en 2011.
L'heure de vérité, c'est maintenant ! Maintenant que le mois de septembre, traditionnellement celui où la mousson est la plus violente, est arrivé avec ses premières pluies diluviennes. Et déjà les premiers couacs n'incitent pas l'optimisme. La ville de Sukhothai est inondée. La base de sa digue anti-inondations a cédée car fissurée, ouvrant une brèche de plus de dix mètres que les autorités tentent de colmater à la va-vite avec des sacs de rochers mais le mal est fait, l'eau est dans les rues. Et les excuses des autorités locales ne changeront pas grand chose. Certes les 500 soldats mobilisés pour réparer la digue et mettre en place les 70 pompes réquisitionnées pour évacuer l'eau vont permettre un retour à la normale dans les prochains jours mais comment pardonner qu'alors que la prévention des inondations est la priorité des priorités de ce gouvernement depuis un an, la fragilité de la digue de Sukhothai n'est pas été détectée. Il n'en faut pas plus pour écorner sérieusement la confiance en la parole des autorités qui avaient beaucoup communiqué et fait des opérations tests grandeur nature pour montrer l'efficacité de ce qui a été fait. Il n'en fallait pas plus non plus pour que le discours change. Finies les déclarations "Bangkok is safe", la Première Ministre thaïlandaise parlait déjà hier des risques d'inondations, non pas pour le centre de Bangkok (pas encore ?) mais pour des quartiers périphériques déjà très durement touchés l'an passé. Mentionnant les districts de Nonthaburi et Pathum Thani mais aussi d'autres communautés vivant le long du Chao Praya et des klongs. De lourdes pluies sont annoncées pour ce week-end tandis que Yingluck Shinawatra est attendue aujourd'hui à Sukhothai. Dans d'autres provinces, certains foyers ont été inondés. Ayutthaya est à nouveau menacée. La ville avait eu du mal à se relever du funeste automne 2011 et craint à nouveau pour ses maisons et ses temples centenaires maintenant très fragilisés.
Tous les observateurs étaient sceptiques sur la capacité réelle du gouvernement à empêcher efficacement la montée des eaux. Malheureusement, ce scepticisme était fondé. Fondé et logique. Le retard pris par la Thaïlande dans la lutte contre ce phénomène est tel qu'il était illusoire de penser que tout serait réglé en un an. Et l'erreur du gouvernement a probablement été de trop promettre. Mais c'est vrai qu'un incident comme celui de Sukhothaï, pose la question de la compétence ou des moyens dont disposent les services responsables de trouver une solution durable à ce problème. Espérons que la météo sera clémente et permettra d'éviter de revivre le scénario de 2011 car ce qui a été mis en place risque de montrer rapidement son inefficacité ou du moins son insuffisance. Restera alors une année pour enfin prendre la mesure du problème, définir et appliquer une politique efficace qui de toute façon mettra plusieurs années pour vraiment protéger la population des eaux. Une année avant les prochains déluges de la mousson. Sachant qu'il y aura forcément des choix à faire car l'eau qui ne s'accumule pas à un endroit sera évacuée vers un autre. Des choix qui seront nécessairement économiques avant tout...