Qui était donc vraiment Hoover ?
Après le récent film J. Edgar de Clint Eastwood interprété par Leonardo DiCaprio) et le roman biographique adapté en une trilogie de BD, la Malédiction d'Edgar, par Marc Dugain lui-même et Didier Chardez, un nouvel acteur s'intéresse aux méandres de la vie du premier flic du XXe siècle. Le puissant directeur du FBI pendant près de 50 ans est l'une des figures les plus puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques de son époque. Accusé d'homosexualité, fort d'une ambition démesurée et sans scrupules, mais gardien efficace de l'ordre intérieur, John Edgar Hoover a vécu dans l'ombre de toutes les personnalités de son époque dont il constituait des dossiers. Son mandat ne s'est terminé que le 2 mai 1972 par une crise cardiaque. Il avait 77 ans et était devenu directeur du Bureau of Investigation, ancêtre du Bureau Fédéral d'Investigation, le 10 mai 1924.
L'album débute sous Nixon en 1971. Une mission d'abattre Hoover et son fidèle et inséparable adjoint Clyde Tylson est stoppée à la dernière minute. Le commanditaire préfèrerait démonter les mécanismes de celui qui fait régner la terreur dans cette nouvelle Amérique. De proches témoins sont retrouvés et enlevés pour les faire parler. Le premier est sa première recrue, devenu adjoint pendant les cinq premières années de l'accession au pouvoir d'Hoover, puis, pendant le quart de siècle suivant, instructeur de tir à Quantico jusqu'à sa retraite en 1949, à savoir Frank Baughman. Mis à l'isolement et privé d'insuline, le vieil homme diabétique n'a d'autre solution que de se mettre à table et raconter le passé avec son patron...
Sujet intarrissable, tant le personnage est ambigu et puissant, la vie d'Edgar Hoover est fascinante. Kennedy ne l'aurait-il pas qualifié de Dieu ? D'où le titre de cette série prévue en cinq tomes ... Passionné par ce personnage hors du commun Marc Védrines propose une nouvelle version réalisée habilement comme une enquête employée par ses détracteurs pour discréditer le recordman inégalable à la tête du FBI. Il faut dire que ses successeurs ne pourront pas dépasser dix ans de mandat... Ce premier volet campe les débuts du jeune homme ambitieux, choisissant de faire carrière en bouffant du communiste - raison du sous-titre La Peur rouge. Le style narratif est incontestablement plus fluide que l'adaptation chez Casterman de la Malédiction d'Edgar. L'auteur complet propose une nouvelle facette plus réaliste mais aussi caricaturale de son dessin. Difficile de ne pas penser à Sylvain Vallée dans Il était une fois en France qui raconte aussi avec Fabien Nury un autre personnage d'exception. L'éditeur fait d'ailleurs à juste titre le rapprochement entre les deux séries dont le versant français se termine ces jours-ci avec le point final du tome 6.
Pour mieux comprendre les dessous de l'histoire américaine contemporaine...
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La Main de Dieu - T1 : La Peur rouge - de Marc Vedrines - Glénat, collection Grafica - 12 septembre 2012 - 13,90 €