Comme je vous l'avais dit la semaine dernière, hier avait lieu l'inauguration de l'exposition "Entre guerres et paix" de Reza sur les berges de la Garonne. Une belle occasion de rencontrer le photojournaliste baroudeur et de l'entendre commenter quelques-uns de ses clichés!
Dans le discours qui a précédé la petite visite guidée le long de la Garonne, Reza a cité plusieurs fois le mot rêve...
En 2003 le photographe d'origine iranienne est tombé amoureux de Toulouse, une ville qui dit-il a tout pour devenir grande au niveau de l'image et de la photo, et a émis le rêve d'exposer sur les berges de la Garonne. Evidemment, quand son agent s'est présenté à la mairie quelques années plus tard, les élus l'ont accueilli à bras ouverts! C'est ainsi qu'en cette rentrée 2012, le rêve de Reza est exaucé...pour notre plus grand plaisir!
Comme on peut le lire sur le site de l'évènement, "témoin du chaos de la guerre et de ses ravages, Reza saisit la résilience de ceux qui endurent l'inconcevable. Il révèle avec une rare sensibilité la limite invisible où la joie côtoie le désespoir, où l'indulgence se heurte au conflit, mais où la vie triomphe toujours. Cette exposition en 25 photographies monumentales qui s'étendent sur près d'un kilomètre le long des promenades sur les berges de la Garonne, nous invite à aller à la rencontre de l'autre dans sa diversité, ses chagrins de vie et ses instants de grâce. Reza raconte le désarroi des humains pris dans la tourmente, mais aussi les cultures du monde auxquelles ils appartiennent, les traditions, l'Histoire et, plus que tout, son espoir infaillible en un monde meilleur."
Devant la célèbre photo du commandant Massoud, Reza explique que le plus important dans son travail est la rencontre. Il a beaucoup appris de Massoud, mais aussi de tous les inconnus rencontrés au fil de ses reportages. Il raconte comment en 1985, Massoud lui a parlé de son projet de créer une armée de 10 000 hommes en en formant 100 lui-même, qui iraient ensuite chacun former 100 autres hommes dans le pays. En 1992 Reza le retrouve à Kaboul, à la tête d'une armée de 10 000 hommes.
Vous pouvez voir ici une vidéo où Reza raconte le moment où il a pris le portrait du commandant Massoud.
Le portrait de cette petite fille aux yeux verts intitulé "Tora Bora" est pour Reza le symbole des vraies victimes des guerres et des conflits, car les enfants voient leurs parents mourir et subissent sans comprendre ce qui leur arrive. Le plus frappant sur cette photo est le regard de la fillette, qui n'est plus celui d'une enfant et où on lit le traumatisme...
Le cliché intitulé "Télé-réalité" (le plus à droite sur la photo ci-dessus) est l'un des préférés du photographe. Alors que son chauffeur l'amenait vers la frontière iranienne pour qu'il retrouve son pays, Reza aperçoit deux jeunes garçons portant une télévision et lui demande de s'arrêter. Le chauffeur ne comprend pas, alors Reza doit lui taper sur l'épaule avec insistance pour qu'il stoppe enfin le véhicule. Mais il parait qu'ensuite, le chauffeur s'arrêtait à chaque fois qu'ils croisaient quelqu'un qui traversait la route!
Les 25 tirages exposés montrent non seulement que Reza est un photographe humaniste, mais aussi un véritable artiste: le format des photos (6m x 4m) impressionne, les légendes donnent de précieuses informations, et le talent saute aux yeux!
Alors si vous passez par Toulouse avant le 11 novembre, prévoyez une petite promenade sur les berges de Garonne!
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A noter que plusieurs évènements sont organisés en marge de l'exposition:
- une conférence débat à la Librairie Ombres Blanches le jeudi 13 septembre à 17h30 (entrée libre dans la limite des places disponibles)
- une conférence débat à la Médiathèque José Cabanis le vendredi 14 septembre à 18h (entrée libre dans la limite des places disponibles)
- une projection / conférence - débat à La Cinémathèque de Toulouse le mardi 23 octobre à 19h00 (plein tarif: 6,50€)
Toutes les infos sur www.rezatoulouse.org et dans la rubrique Agenda
Reza a cette année parrainé un très beau projet : Sacha,13 ans, est atteint d’une maladie génétique rare et est passionné par les trains, et son papa Franck Boucher a organisé pour lui un tour du monde en train.