Quand on m’a proposée de participer à un forum associatif pour ma boîte qui se déroulait dans une mairie d’arrondissement; j’ai tout de suite accepté. Ma mission au cours de ce forum : rester assise à un stand de 10h à 18h et renseigner les visiteurs sur l’une de nos activités.
Il m’était évident que participer à ce forum serait une simple formalité pour la jeune femme sérieuse, volontaire et motivée que je suis
Bon avant, il a tout de même fallu que je vérifie certains points essentiels pour le bon déroulement de cette activité : 1)pas de discours à faire en public, check 2)avoir un accès internet là bas, check.
A partir de là, j’étais parée pour l’évènement. Enfin c’est ce que je pensais.
Le jour J, j’arrive donc là bas pour prendre possession de mon stand. Je ne suis pas en avance donc je presse le pas, mais je me sens tranquille. Je suis assez fière de moi puisque pour une fois j’ai fait preuve d’un bon sens de l’organisation. Je suis venue la veille pour installer des affiches et d’autres documents sur notre panneau associatif.
Arrivée sur le lieu, je constate avec étonnement et angoisse que les visiteurs sont plutôt au taquet et qu’ils sont déjà PLEIN à avoir pris possession des lieux. Là je me dépêche. J’arrive à mon stand et je subis le regard désapprobateur d’autres participantes qui se trouvent à des stands accolés au mien. Ouh putain, ça me rappelle tellement ces moments où j’arrivais à la bourre en cours à la fac et que je devais subir le regard courroucé des midinettes qui soupiraient de me voir ainsi perturber le cours. Je tente de m’installer discrètement, mais c’est sans compter mon panneau qui décide à ce moment là de tomber en arrière, emportant avec lui le panneau de l’asso d’à côté. Heureusement qu’une colonne de la pièce a arrêté leur chute, mais bon dans le genre discrétion j’ai déjà fait mieux.
Là, je décide de reprendre une allure professionnelle et toute fière j’installe mes fournitures. C’est que j’avais tout prévu. Des stylos en veux tu, en voilà, des flyers, d’autres documents à destination des visiteurs, deux stabilos de deux couleurs différentes, des trombones, du scotch, des feuilles, un petit livre de jeux ludiques destinés à accentuer la créativité. Mon Grazia de cette semaine que j’ai vite fait parcouru, mais dont plusieurs articles me restent à lire. Un livre parce que je sais que je peux vite avoir envie de lire autre chose qu’un mag. Pas d’ordi car pas d’accès internet
Je suis équipée, je m’installe et accueille les deux premières visiteuses qui me posent des questions. Elles partent et c’est là qu’une forme assez intense de vacuité s’installe. Je m’étais bien préparée, ha ça oui, mais je ne m’étais pas vraiment préparée à l’ennui, ha ça non.
C’est qu’être à une table plusieurs heures, ça vous y amène vite à l’ennui. Alors bien sûr j’ai eu des interactions avec des visiteurs et d’autres membres d’asso. Mais c’était au compte-goutte et tout de suite après, il pouvait se passer de longues heures minutes sans âme qui vive. En outre, plus les minutes s’égrenaient plus j’avais la sensation d’être une potiche de jeu télé attendant bêtement qu’un autre être humain veuille bien communiquer. De fil en aiguille, je me suis sentie gênée et puis je voyais des gens défilés auprès d’autres asso. J’avais beau me dire que je n’étais pas en compète avec les autres, que le but de cette journée ce n’était pas que je sois assaillie, ça m’a chiffonnée, je dirais. Et puis j’ai eu la sensation d’être exposée au regard des gens et je me suis sentie plus timide que jamais. Je ne savais pas trop comment me tenir, j’essayais de garder une contenance et de ne pas m’avachir sur ma chaise (c’est pas l’envie qui manquait), mais malgré cela je n’étais pas à l’aise. Et puis il m’arrivait de balbutier quand les visiteurs me posaient des questions. Je ne pouvais leur donner certaines réponses et ça m’énervait.
Je vais vous confier un truc, c’est assez terrible (et cela paraîtra couillon à certains), mais ce genre de situations m’angoisse facilement. Je déteste l’idée d’être là sans pouvoir faire quelque chose de concret de manière continue, je déteste l’idée que les gens vont me regarder et se dire que j’ai l’air suffisamment sympa ou non pour répondre à leurs questions. L’idée d’être observée, c’est un truc qui me stresse, même si je sais que je manque d’objectivité dans ces cas là et que j’imagine un peu trop que les gens me REGARDENT (paranoïa quand tu me tiens). Le positif (oui parce qu’il y en a toujours un peu) c’est que j’ai finalement “survécu” à cette journée. Je n’ai pas dépéri à ma table, bien au contraire, je me suis sentie de plus en plus à l’aise au fil du forum. Il me fallait juste un petit temps d’adaptation et que je trouve un peu mes marques. Patience et confiance ont fini par se pointer et c’est au fond tout ce qu’il me fallait ce jour là.