Mais en cette année olympique, attirer les stars de la discipline n’a pas été évident. « Après les JO, de nombreux athlètes sont fatigués, aussi bien physiquement que moralement » déplore Jean-Paul Durand, président de l’ADEM, l’association qui organise l’événement. « Beaucoup éprouvent un vrai désir de finir la saison. Les JO ont nécessité une grosse préparation, ils y ont laissé beaucoup d’influx nerveux. D’ailleurs, à deux trois exceptions près, on constate cette année que les performances sont en dessous de leur niveau habituel.»
Des absents chez les hommes...
Les principales défections sont à noter chez les messieurs. Le champion olympique Ashton Eaton (EU), par ailleurs détenteur du record du monde (9036 points), et ses compères de podium Trey Hardee (EU) et Leonel Suarez (Cuba) ont décliné l’invitation. « Nous comptabilisons 35 à 40 refus, poursuit Jean-Paul Durand. Mais ce n’est pas spécifique au Décastar. à Bruxelles, en fin de semaine dernière, 90 athlètes ont déclaré forfait.» Malgré ces absences, la compétition s’annonce très relevée. La tête d’affiche du décathlon sera Hans Van Alphen, quatrième à Londres et vainqueur l’an dernier de l’épreuve talençaise. Relégué au pied du podium olympique pour seulement quatre points, le Belge sera revanchard et tiendra à finir en beauté une année 2012 qui l’a vu battre son record personnel (et celui de Belgique du même coup) en mai dernier à Gotzis. « Il est actuellement sur un petit nuage, confie Jean-Paul Durand. Il m’a dit qu’il n’imaginait pas que sa quatrième place à Londres puisse provoquer un tel engouement en Belgique. Il vient à Talence pour gagner. » Autres attractions, l’Ukrainien Oleksey Kasyanov, septième à Londres, et le Français Benjamin Compaoré, un spécialiste du triple saut (sixième place aux JO) qui participera pour la première fois aux épreuves combinées. « C’est la cerise sur le gateau, savoure Jean-Paul Durand. Il m’a prévenu mardi. Ce sera son premier Décastar et ça prouve bien l’attrait de la compétition.» à suivre également l’espoir tricolore Kevin Mayer, champion du monde cadet (2009) puis junior (2011), qui a atteint cette année 8415 points, soit la cinquième meilleure performance jamais réalisée par un décathlonien français.
... le gratin chez les femmes
« Si l’on regarde les résultats de Londres, nous n’avons pas la première (Jessica Ennis (GB), NDLR), mais nous avons la deuxième, la troisième, la quatrième et ainsi de suite jusqu’à la septième place ! Toutes ces athlètes sont bien au-delà de la barre des 6000 points.» Ce week-end, les épreuves féminines ressembleront à une véritable finale de la saison. Actuellement, l’Ukrainienne Lyudmyla Yosypenko occupe la première place du challenge de l’IAAF. Mais elle devra sortir le grand jeu pour conserver la tête face à une concurrence de niveau mondial. Médaillée d’argent aux jeux olympique, l’Allemande Lilly Schwarzkopf sera sa principale rivale. Troisème aux JO, Tatyana Chernova visera également la victoire. La Russe est une habituée de la piste talençaise puisqu’elle a remporté les deux dernières éditions de «l’heptastar.» Mais la suprise pourrait venir d’une Française. Antoinette Nana Djimou, championne d’Europe à Helsinki fin juin et sixième à Londres, peut encore espèrer coiffer ses concurrentes sur le poteau. Enfin, une curiosité vaudra à elle-seule le déplacement. La Tchèque Barbora Spotakova, double championne olympique et championne du monde du lancer de javelot, fera des infidélités à sa discipline favorite.
« C’est exceptionnel, s’enthousiasme Jean-Paul Durand. ça fait dix ans qu’elle n’a pas fait d’épreuves combinées. Je pense qu’elle va battre le record du stade au lancer de javelot (59,26 mètres, NDLR).» Pour l’occasion, le programme des épreuves a même été modifié. « Le lancer de javelot féminin était prévu au même moment que le saut à la perche masculin. Il serait sans doute passé au second plan donc nous avons changé l’horaire.» •
Olivier Saint Faustin
Détail du programme du week-end sur www.decastar.info