Elie Arié s’interroge sur l’utilité du blog, et en conclut que c’est un susbtitut aux bistrots. Pourquoi pas, je trouve bien que facebook ne vaut pas un bon bistrot, chaleureux, où l’on échange facilement, et qui disparaît. Un oeil compare le blog à la cb des routiers, ces solitaires que nous sommes tous devenus, et c’est un moyen insoupçonné de laisser une trace et d’avancer.
Pour ma part, j’évoque souvent l’augmentation considérable du nombre de diplômés, d’accès à la lecture, à l’information, qui fait que nous sommes tous devenus des intellectuels, mais sans que le public disponible croisse à la même hauteur. Nous avons un talent, peut-être modeste, mais qui ne peut s’exprimer qu’en laissant ces innombrables textes à la disposition d’inconnus qui peuvent les commenter, les partager, en faire leur miel ou leur substance. Il n’était pas possible de rester dans un système d’édition du texte, tel qu’il existait avant l’envol du niveau d’études. On constate par ailleurs que l’accès à l’édition, l’expression est resté fermé, et très endogame. La pression d’expression augmente, et le goulot reste aussi étroit, de quoi favoriser une explosion : aura-t-on un jour des révoltes de l’expression, de trop de gens laissés sans moyen d’exprimer leur talent, du sentiment de frustration et d’aigreur qui peut en résulter ?
Le blog est souvent mal vu, on considère que tous ces gens n’ont pas le droit d’écrire, il y a d’autres instances pour cela, dont l’entrée est filtrée comme dans une boite branchée, et que ce sont des lubies inavouables qui s’expriment, mettant en danger la société, et son ordre immémorial.
Pourtant on peut aborder des sujets rares sur le net, évoquer des questions sur lesquelles on ne trouve presque pas de documentation, et dire des analyses qui resteraient cachées, écrasées par la pensée unique.
Le blogueur est un corniaud, mais le corniaud est le meilleur chien.