[Commentant « Comme une légende » d’Arion dans laquelle il était question d’une « orange » Chambolle envoyait le post suivant] :
Il est des fruits poétiques : l’orange (la terre est bleue comme…), la figue et ses nombreux sous entendus, la noisette, le raisin (qu’il soit trop vert n’est pas un obstacle), la cerise qui vient en son temps, la fraise et la framboise, malgré ou à cause des mistrals gagnants et des rouge-baisers (noter qu’il ne faut pas aller les cueillir au château de l’Arbresle), la myrtille (surtout sous sa forme anglo saxonne) et même la pomme à condition qu’elle vienne du jardin d’Eden et qu’on ne l’affuble pas de l’adjectif “bonne”.
D’autes sont ambivalents : la grenade selon qu’elle est maniée par Garcia Lorca ou un adepte de Ben Laden, la mandarine soit qu’elle évoque le rêve dans le pavillon rouge soit qu’elle rappelle combien il est périlleux de parler d’ortograf au mois de mai ou la groseille source inépuisable de métaphores galantes jusqu’à ce qu’on lui adjoigne, en complément de nom, le triste maquereau.
D’autres sont pour toujours confinés à la trivialité et ont perdu tout espoir d’accéder au Parnasse : la poire, surtout depuis Louis-Philippe, la banane et sa peau traîtresse, le kiwi porteur de poisse au noble jeu de rugby, la noix même vieille, la nèfle synonyme de pas grand chose, le gland qui hésite entre le pornographique et l’imbécillité, la châtaigne et le marron qui font dans la brutalité, la prune difficile à digérer pour l’automobiliste et le pruneau qui signe la fin de tout et donc de ce post.
Chambolle