L’immoralité des traders français pointée du doigt

Publié le 12 septembre 2012 par Edelit @TransacEDHEC

De Jérôme Kerviel à plus récemment Bruno Iksil, les scandales financiers de cette décennie ont été (trop) souvent associés à des traders de nationalité française. Récurrence contingente ou culturelle ?

Entre le « Liborgate » chez Barclays, l’affaire des cartels mexicains pour HSBC et le comportement douteux des traders d’UBS, l’année 2011-2012 a été riche en scandales financiers. Mais dans ce domaine, la palme du feuilleton de l’été doit sans nul doute être décernée à JP Morgan et les placements plus que périlleux de son trader Bruno Iksil qui ont fait perdre entre six et neuf milliards de dollars à la banque de Wall Street. Le trader français, surnommé la baleine de Londres en raison de l’énormité de ses investissements, est à l’origine de la plus grosse erreur de trading de l’Histoire. Cet épisode conclut une série d’éclaboussures financières qui ont concerné de nombreux traders de l’hexagone depuis l’affaire Kerviel. D’autant qu’un deuxième trader français est impliqué dans cette perte colossale. Les deux employés ont d’ailleurs été licenciés.

Mais Bruno Iksil n’a commis qu’un péché d’orgueil en croyant « marcher sur l’eau » contrairement à d’autres qui ont carrément franchi la ligne rouge de la légalité. A l’image de Fabrice Tourre, un cadre de Goldman Sachs accusé en 2010 par la SEC (commission américaine des opérations de la bourse) d’avoir trompé des investisseurs en leur vendant des produits financiers adossés à des prêts immobiliers à risque au moment où le marché immobilier se retournait, tout en pariant sur la chute de ces produits. Goldman Sachs avait accepté de payer la somme astronomique de 550 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites de la SEC.

Le point commun entre Iksil et Tourre ? Ils ont tous deux été formés par un fleuron de l’éducation française, à savoir Centrale Paris. Ce qui a amené certains détracteurs à férocement critiquer les méthodes d’enseignement de nos institutions, notamment celles des écoles d’ingénieurs qu’ils considèrent sans éthique, créant des cadres formatés et sans morale aucune. Il est vrai qu’ENSAE et Cie ne sont pas réputées pour leur philosophie humaniste, ne laissant la place qu’aux chiffres et aux courbes. La solution à la déviance constance de la finance serait ainsi à chercher du côté de la formation des cadres financiers.

Mais d’un autre côté, comment reprocher à des professeurs de mathématiques et de finance de ne pas inclure une dimension culturelle et éthique dans leurs cours ? Dans ce cas la tâche incomberait à l’employeur, qui doit faire de la probité un élément phare de sa culture d’entreprise, ou encore à la régulation, dont les défaillances sont peut-être seules responsables de la multiplication des « banksters ».

Frank adell