…et que les cathos ça aime pas les pédés, ça condamne les avortées et ça veut pas euthanasier les vieux souffrants.
Mis à part pour les les vieux souffrants, la phrase, je l’ai entendu d’amis. Parfois très proches les amis. Parfois je ne l’ai même pas entendu parce que je n'ai su "l’ignominie" que bien après tout le monde (Entendre ici des gens normaux, pas cathos). A chaque fois ce fut : « naaan, mais tu comprends, je savais pas si je te le disais parce que je ne savais pas comment t’allais le prendre."
Alors aujourd’hui, après des élections présidentielles qui ont fait peur à certains de mes comparses cathos, après bien des pétitions dégoulinantes de verve loin d’être charitable que je vois passer (qui me donnent envie de vomir), après une certaine prière universelle de 15 août, là je pousse mon coup de gueule. Parce que j'en ai assez de me taire.
Y’en a marre, m.... ! Ghalas comme on dit en arabe chez moi.
Moi je suis parfois une fille un peu bête et je n'ai pas fait beaucoup d'études de théologie. Mais je sais un truc de base : un catho, c’est un type ou une nana qui suit ou tente de suivre les pas d’un va-nu-pied d’il y a 2000 ans appelé Jésus. La base de la base (genre comme en pâtisserie, vous avez besoin de farine de sucre et d’œuf), c’est ce que ce gars à l’époque a appelé l’AMOUR. Cette chose a plein de dérivatifs appelés compassion, charité, pardon, bref, tout ce qui peut se rapprocher du partage des sentiments de son prochain et d’accueillir ça à bras ouverts. PAS DE CONDAMNER. Pas de juger. Pas de proposer un style de vie que si tu l’acceptes pas tu vas griller en enfer.
Alors je vais te dire comment je prends la nouvelle de l’homosexualité d’un copain : « ouah mais c’est extra !!!!! Et ton copain, il est comment, et tu l’as rencontré comment etc…. » bref, pas différemment de ce que je fais avec une copine/un copain hétéro.
Et puis je vais aussi te dire comment je prends la nouvelle d’une copine qui vient de se faire une pilule abortive ou d’être passée entre les doigts d’un chir ? « oh la la ….ça va ? Je peux faire quelque chose pour toi ? Tu as besoin d’aide ? Tu m’appelles hein ? ». Bref, de la même manière que celle qui vient de passer une journée à l’hosto pour une opération bénigne mais pénible quand même.
Par contre, oui, ça me blesse que certains cathos (ceux qui écrivent des PU par exemple..) soient plus prompts à pointer le doigt, qu’à tendre la main. Oui ça me blesse que mes amis, pensent que la catho qui est en moi va condamner leur mode de vie.
Parce que soyons clairs. Je ne vais pas entrer dans les détails ici d’une théologie de la sexualité ou élucider de grandes questions de bioéthique, car d’autres sur plein de blogs le font mieux que moi, mais :
- Je suis pour le mariage homosexuel. Je suis pour la possibilité éventuelle pour certains couples d’adopter ou d’avoir des enfants. Parce que ce que je vois chez mes amis homos en couple, c’est autant d’AMOUR que dans un couple hétéro et je n’ai pas encore vu en quoi ce qui se passe dans leur chambre altère leur faculté à élever et AIMER des enfants. On est d’accord tout de même sur le fait que l’on parle ici de la grande majorité, pas des « Priscilla folle du désert » qui se dandinent sur des chars lors de la Gay Pride.
- Je suis pour l’avortement. Non, pardon, je rectifie : je suis POUR LE DROIT A l’avortement : nuance de taille, car non, à la base, je ne suis pas pour ôter la vie. Mais je considère qu’il y a des cas où quand des femmes en arrivent à ce stade (et je ne remets absolument pas en cause leurs motivations), elles doivent pouvoir effectuer cette opération, non seulement en toute légalité, mais encore dans un cadre médical et psychologique décent, compétent. Bref, pas sur une table de cuisine à avaler des mixtures et à s’arracher le fœtus au cintre à fringues.
Alors, ce coup de gueule se termine par un appel : je n'attends pas que la majorité des cathos qui luttent contre le mariage homo, qui sont contre l’avortement adoptent des positions contraires. A la limite, je m’en fous. Mais voilà, j’aimerai juste que les cathos, soient de vais cathos. AIMEZ ! Notre religion n’est pas une religion de confort avec ses petits bastions à défendre, sinon Jésus ne se serait jamais adressé à des prostituées, à des pauvres, à des gros nases. Je ne dis pas non plus qu'être "Eglise de notre temps" signifie dire "Amen" à tout ce que nos sociétés peuvent nous concocter de "moderne". Par contre, il me porte à coeur d'être Eglise en plein dans le temps dans lequel je vis, d'être au coeur des préoccupations des hommes et des femmes. Bref d'être là pour mes amis. Et les autres.