Philippe Herlin, candidat alternatif à la présidence de l'UMP ?

Publié le 12 septembre 2012 par Vindex @BloggActualite
Bonjour à tous
Après des vacances bien chargées, nous tentons de refaire surface progressivement pour écrire quelques articles en cette rentrée. La rentrée politique est chargée en particulier pour l'UMP et le PS qui doivent tous deux élire leur nouveau chef de file. Si pour le Parti Socialiste, Harlem Désir semble bien positionné, cela sera sans doute plus disputé à l'UMP. Sont surtout favoris François Fillon, premier ministre ces cinq dernières années, et Jean-François Copé, député-maire de Meaux. Dans la courses sont aussi déclarés Nathalie Kosciusko-Morizet, Henri Guaino (ancienne plume du président de la République sortant) et Bruno Lemaire, qui fut ministre de l'agriculture. Voilà pour les plus connus. Mais pourtant ce n'est pas tout. Parmi les candidats se glissent d'autres personnalités et notamment un certain Philippe Herlin, inconnu du grand public, et même certainement de beaucoup de militants du mouvement populaire. Ce candidat sera l'objet de notre article, car sa candidature nous intéresse à plusieurs point de vue et doit être portée sur le web, à  défaut de l'être dans les médias. Nous essayerons de savoir en quoi elle est différente des autres. Pour ce faire, nous ferons un récit sur le candidat et son parcours, avant de résumer ses idées politiques et son projet pour l'UMP, alors devenu parti d'opposition depuis mai-juin de cette année. 

Philippe Herlin : un "candidat expert" ? 

Ce qui est d'abord singulier chez le candidat à la tête de l'UMP, c'est son parcours. Il est en effet économiste, alors qu'une bonne majorité d'homme politique sont administrateurs, juristes et diplômés de Science Po'. C'est d'ailleurs un économiste spécialisé dans les rouages de la finance qui paraissent si compliqués même (sans doute) aux yeux d'hommes politiques. En tant qu'expert, il a notamment écrit plusieurs livres, notamment Repensez l'économie, France, la Faillite ? , ou encore L'Or un placement d'avenir, tous parus chez Eyrolles en 2012. Il tient également deux blog, un nommé La dette de la France, l'autre concernant ses interventions et ses livres. Celles-ci sont d'ailleurs nombreuses dans les médias en tant qu'économiste bien sûr : il fut plusieurs fois interviewé par la presse (Le Monde, La Tribune, Parisien, Challenges, Alternatives économiques, Le Figaro, Les Echos, ) et passa aussi à la radio (Radio Classique, France Culture, Radio Courtoisie, France 4, M6, RMC). Il est aussi présent sur les médias du Web, à travers des chroniques sur le média citoyen Atlantico, des vidéos Dailymotion et des tribunes sur d'autres blog comme celui de Paul Jorion. Il a enfin participé à de nombreuses conférences. 
En bref, ne serait-ce pas là une sorte de candidat-expert alors que la France est stagnante voir en crise économique depuis plusieurs années ? Car si beaucoup d'économistes soutiennent avec plus ou moins de vigueur des partis politiques, il est peut-être l'un des premiers économistes à tenter de prendre la tête d'un parti important. Son expertise économique pourrait donner une certaine crédibilité au parti de droite, d'autant que celle-ci s'appuie sur une certaine capacité à expliquer et à argumenter. Toutefois, l'expert économique a moins de verve politique que les "gros" de l'UMP et bien sûr, moins de notoriété, mais il peut gagner à se faire connaître dans les rangs du mouvement. 
Le parcours du candidat en politique : 

Le candidat Philippe Herlin est en fait un nouveau à l'UMP. Il y  a adhéré le 7 mai 2012 car c'était nécessaire pour présenter une candidature valable, ce qu'il a fait au mois de juillet. Pour ma part, suivant déjà cet économiste sur les réseaux sociaux, j'avoue avoir été surpris par cette volonté de prendre la tête de l'UMP, car les libéraux dont fait partie l'économiste dénoncent bien souvent le parti comme étatiste ou colbertiste de droite. Mais avant tout, le candidat fut adhérent au Front National de 2002 à 2008. Cela pourrait paraître encore plus étonnant, mais il l'explique lui-même par le fait que Jean-Marie Le Pen que ce parti était amené à progresser après le 21 avril 2002, d'autant plus que sa fille, plus "raisonnable" aux yeux des médias, allait prendre la tête du mouvement nationaliste. Cependant, le spécialiste de la finance fut déçu de la tournure étatiste que le parti a pris : il décida de le quitter en 2008. Cette expérience au sein du FN lui a donné des responsabilités, notamment celle des adhésions et de la collaboration avec les élus. Sa faible expérience politique peut paraître dérisoire face à l'objectif à atteindre (8 000 parrainages de militants de l'UMP) et face aux colosses qu'il aura à affronter, mais il est néanmoins soutenu par divers courants ou micro-partis de droite. Il a en effet reçu le soutien des Libéraux-conservateurs français, conformément à ses orientations politiques, ainsi que celui de la Droite Libre, un parti rattaché à l'UMP. Les Nouveaux Républicains lui ont aussi apporté leur soutien, ainsi qu'Alain Dumet (fondateur de Contribuables Associés) et du plus connu Paul-Marie Coûteaux, ancien chevènementiste, proche de Philippe de Villiers, puis plus récemment soutien à Marine Le Pen lors des élections présidentielles de 2012, par le biais du SIEL (Souveraineté, Indépendance et Libertés). Malgré sa faible aura médiatique, Philippe Herlin semble donc mobiliser autour de lui. Il faut dire que sa stratégie est intelligente : il s'agit pour lui de faire pencher l'UMP plus à droite pour ne plus faire de concession à la gauche. Il s'identifie un peu au mouvement des Tea Parties, qui avait fait pencher le Parti Républicain à droite aux Etats-Unis, lors des élections du midterm de 2010, ce qui avait notamment permis une victoire de ces derniers. Le candidat invite les libéraux et conservateurs à aller à l'UMP pour influencer le principal parti de droite, ce qui serait probablement plus efficace facile que de créer un énième mini-parti de libéraux qui n'aurait aucune structure, aucun réseau, sur lesquels s'appuyer. 

Les idées de Philippe Herlin : le libéral-conservatisme pour que la droite tienne sa droite : 

Le but principal de Philippe Herlin est de défendre des idées libérales sur le plan économique. Il reprend ainsi le slogan de Ronal Reagan "L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème". L'économiste dénonce l'étatisme de l'UMP et prend plusieurs exemples sur lesquels le parti a cédé à la gauche, notamment celui du logement. Il pense en effet que l'Etat, par l'obligation de construction de 20 pour cent de logements sociaux dans certaines communes (loi SRU) et par d'autres interventions et régulations, empêche la mise sur le marché de nombreux logements, d'où la pénurie. Plus concrètement, sa profession de foi montre les grandes orientations de ses idées : diminution des dépenses de l'Etat, recentrer ce dernier sur ses missions régaliennes, ramener les prélèvements obligatoires de 45 à 35 pour cent du PIB afin de ne plus étouffer l'initiative privée, retrouver la compétitivité et réformer les structures économiques françaises. En bref, un ensemble de mesures authentiquement libérales sur le plan économique. 
Il associe à ce libéralisme un certain conservatisme sur le plan moral, prônant une nette baisse de l'immigration, la fin du droit du sol et une plus grande sévérité face à la délinquance. Il se prononce contre le mariage des homosexuels et donc contre leur adoption. 
Concernant les stratégies politiques, et notamment la question de la position face au Front National, il se démarque très clairement des autres candidats, notamment de Nathalie Kosciusko-Morizet (qui voterait PS en cas de duel PS-FN). En effet, Philippe Herlin ne souhaite pas d'alliance de gouvernement avec le Front National, mais laisse libre les élus locaux de s'allier avec le Front national, pour envoyer une signe aux électeurs du Front National et permettre un report de leur voix plus massif lors des élections nationales, ce qui avait fait défaut en mai 2012. 
Sur l'Europe et les relations internationales, il est assez vague mais se dit pro-européen, tout en souhaitant plus de pouvoir aux Etats et se reposant sur le principe de subsidiarité. Enfin il précise qu'il est atlantiste et pro-Israël. 
Voilà donc ce que nous pouvions dire de cette candidature singulière à la présidence de l'UMP. Et si les chances d'aboutir sont maigres, le candidat en question annonce qu'il n'abandonne pas la bataille, et se laisse le temps de mobiliser les libéraux-conservateurs de l'UMP d'ici à 2015, date de la prochaine élection du président. 

Sources : 
AtlanticoDirect MatinEnquête et DébatLe Lab Europe 1Le blog de Philippe Herlin