Les masques en Chine sont innombrables. Tout y est opaque. TOUT.
La censure étouffe les chinois.
Dès le début de l'année du Dragon, le premier lieutenant, vice-maire de la ville et chef de la police, demande l'asile à un consulat des États-Unis afin de se tenir loin de ce qu'il vient de découvrir. La femme de l'étoile montante Bo Xilai aurait assassiné, en l'empoisonnant, un consultant britannique, Neil Heywood, deux mois auparavant.
Ceci torpille complètement la carrière fulgurante de l'étoile filante Bo Xilai qui se taillait peu à peu une place très sérieuse comme champion de la nouvelle gauche chinoise, composée à la fois de maoïstes et de sociaux-démocrates déçus par les réformes du marché économique du pays et par l'écart de richesse croissant. Xilai était une superstar. Il avait mené une spectaculaire campagne de longue haleine contre le crime organisé, il avait rétabli des programmes sociaux égalitaires pour la classe ouvrière de la ville, s'appuyant sur les deux chiffres de croissance du PIB, et il avait initié des campagnes "néomaoïstes" afin de faire revivre l'époque de la révolution culturelle.
Il cherchait ouvertement (ce qui ne se fait pas habituellement) à être promu dans le Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois tenu par le parti politique néo-conservateur qui doit être renouvelé lors du XVIIIe Congrès national du Parti communiste chinois en octobre.
Comme sa femme est mis en garde à vue, il est démis de ses fonctions en mars. Il ne s'aide en rien en avril alors qu'il a recours à des écoutes de haut-dirigeants du Parti communiste, incluant le président qu'il compte peut-être un jour remplacer (et qui le sera bientôt) Hu Jintao. Il est alors aussi exclu du parti communiste chinois.
Sa femme sera accusée de meurtre puis condamnée à mort avec sursis au mois d'août. Xilai est au niveau DSK de l'envergure politique et le parti communiste passe à autre chose.
Mais toujours au mois de mars, un grave accident de Ferrari survient en pleine nuit et fait un mort, le conducteur, un jeune mâle à moitié nu, et deux bléssées graves, deux femmes, l'une à moitié vêtue, l'autre complètement nue. Des rumeurs courent sur l'identité du jeune homme. On parle du fils d'un haut responsable chinois.
La censure est si forte en Chine que les mots "Ferrari noire" sont censurés dans les moteurs
de recherche sur l'internet chinois.
L'affaire est très embarrassante pour le gouvernement Chinois puisque l'accident de la Ferrari vient confirmer à des centaines de millions de Chinois que l'entourage du régime bénéficie d'une vie dorée et de nombreux privilèges, dans un climat d'impunité total. Le régime du président Hu Jintao a pourtant toujours vanté une lutte sans relâche contre la corruption.
Ce n'est que la semaine dernière, le 4 septembre, que le chef de la Direction générale du Comité central du Parti, Ling Jihua, est muté à un rôle de moindre envergure ce qui fait comprendre à tout le monde que le mort du mois de mars était son fils de 20 ans. Tué à 100 000 à l'heure vivant la Dolce Vita avec des filles vulgaires.
L'inquiétude n'est pas freinée par les performances économiques mondiales. Atteint par la crise comme tout le monde, le taux de croissance du PIB chinois qui a déjà atteint 12% et qui se tient maintenant autour de 7% inquiète énormément les gens en place. C'est la panique alors qu'au Canada, on dit s'en sortir pas si mal, notre croissance oscillant entre 2,5 et 2,8%.
Misère de riche.
Mais là, depuis hier, opaque nouveau mystère.
Le vice-président chinois, Xi Jinping, considéré comme le successeur de Hu Jintao à la tête de l'Etat, a disparu depuis une dizaine de jours. Il a raté trois rendez-vous avec des dignitaires étrangers. Hillary Clinton, s'est fait poser un lapin le 5 puis, le premier ministre de Singapour peu de temps après. Le 10, c'est une photo avec la première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt qui a été prise, sans Jinping finlament dont personne ne sait rien. On parle de mystérieux problèmes de dos mais on est pas certain si il s'agit d'une blessure musculaire ou le résultat d'un coup de poignard. De toute façon, la censure a bloqué les mots blessure au dos, coup de poignard et Xi Jinping des moteurs de recherche internet.
Et pas de danger que Xi Jingping viennent éclairer le peuple lui-même sur la situation. Il est juste...à l'ombre.
Aucune dates n'ont encore été avancées pour le XVIIIe congrès du Parti qui doit avoir lieu en octobre. Certains pensent que Jingping a été écarté pour toujours ou qu'on lui réserverait le même sort que le maire de Pékin en 1997. D'autres pensent que tout ça est normal, qu'il prépare un grand retour.
Mais il est 100% anormal que la Chine s'absente sans se justifier face à trois dignitaires étrangers en 10 jours. Ça va tout à fait à l'encontre de la tradition chinoise.
Mais quels sont les lendemains de la Chine?
Cette année de scandale d'image publique se décuple et le Dragon de cette année semble tout à fait toxique.
Vivement l'année du Serpent en 2013.
À moins que les serpents y soient déjà...