L'année 2008 sera décidemment l'année de tous les bouleversements. Alors que les mouvements de grève avaient fait leur apparition au sein des entreprises dites "privées", la grogne dépasse les frontières jusqu'à Bucarest, capitale de la Roumanie.
Les salariés de l'usine Dacia, qui fabrique la Logan, ont entamé une grève illimitée. Les salariés demandent principalement la revalorisation de leurs salaires et primes. La Logan connaît un succès monstre et à ce titre, les employés entendent profiter des records de vente et obtenir environ 150 euros de plus par mois, plus une majoration des primes à Pâques et à Noël. Avec une moyenne de 285 euros bruts par mois, on est loin, très loin du minimum en France. De son côté, la Direction avance que les pertes n'ont toujours pas été absorbées par les bénéfices. La menace d'une délocalisation a d'ailleurs été prononcée si le travail ne reprenait pas.
On peut dire que le problème du pouvoir d'achat est lui aussi mondialisé et va faire l'objet d'une grogne exponentielle. Un effet "boule de neige" qui pourrait atteindre des pays non encore habitués à ce genre de conflit. La peur envahit les travailleurs et ce n'est pas le comportement des patrons qui va les rassurer.
En France, l'assouplissement de la loi sur les 35 heures et le code du travail est une demande constante du patronat et risque d'être satisfait. Que craignent ceux qui s'inquiètent ? Un contrat unique en faveur de l'employeur pourrait transformer le salarié en une espèce de pion que l'on bouge indéfiniment. Le travailleur verrait sa situation en durée indéterminée et ne serait plus dans la capacité d'élaborer des projets et d'investir dans l'avenir. Un droit du travail assoupli et un nombre d'heures élastique ouvriraient la porte à l'augmentation des heures travaillées qui ne serait plus comptées comme heures supplémentaires. Travailler plus tout en gagnant autant dynamiserait la compétitivité des entreprises, certes, mais pour vendre à qui ? Des salariés noyés sous les dettes qu'ils ne pourraient pas rembourser, menacés constamment par une rupture de contrat ? Ajouter à cela une place donnée aux robots et aux machines de plus en plus grande avec les caisses automatiques, les pompes à carburant automatiques, les billetteries automatiques, les péages automatiques, les distributeurs en tout genre automatiques, etc.
Au final, à quoi va-t-on arriver ? Des entreprises super compétitives qui produiront à foison pour remplir les rayons des supermarchés fréquentés par des salariés pauvres et des chômeurs aux poches vides auxquels il en restera plus que les yeux pour consommer. C'est le même phénomène dans la mer : on pèche à outrance, on racle tous les fonds en détruisant au passage la faune sous-marine, et on se retrouve avec un manque de poissons et des bateaux qui rentrent bredouilles. Pourtant, on leur dit bien que la réserve naturelle n'est pas sans limite. Est-ce l'intérêt du patronat de nuire à l'équilibre et à l'avenir du travailleur ? Les entreprises ont besoin des consommateurs, et un consommateur a besoin de ressources stables et pérennes pour vivre et participer au tissu économique. On ne peut pas demander aux gens de devenir propriétaire et de l'autre côté réduire leur pouvoir d'achat.
Alors doit-on voir le mal partout ? Les chefs d'entreprise ne sont pas suicidaires au point de paupériser leurs employés. Chacun a besoin de l'autre. Il faut donc garder espoir et ne pas voir son patron comme un ennemi, enfin je l'espère.