Après une première année en tous points parfaite et une attente démesurée suite aux nombreux arcs narratives esquissés et à une image finale des plus alléchantes, l’attente de la seconde saison de Game of Thrones semblait insoutenable. La série allait-elle réussir à renouveler le même exploit de mèler de nombreux arcs narratifs complexes et passionnants à un visuel soignée et à des personnages attachants ? Le défi semblait de taille, et pourtant cette seconde année remplit avec aisance son contrat, en poussant même le concept encore plus loin…
Si la saison 1 posait nombre enjeux et présentait un grand nombre de personnages, ce n’était au final rien à côté de cette seconde saison, qui explose allègrement le nombre de sous-intrigues parallèles et d’intervenants. Chaque épisode ou presque suit cinq ou six intrigues dans des lieux différents, tout en introduisant de nombreux nouveaux personnages (à tel point qu’on est presque soulagé qu’un grand nombre d’entre eux meurent à chaque saison !). Et il en faut de la maîtrise cette année, pour ne pas perdre le public entre les nombreuses factions en présence, qui toutes convoitent le fameux trône de fer. Car suite à la mort du roi Robert Baratheon et au couronnement de son fils Joffrey, la révolte gronde dans Westeros. Outre Robb Stark, qui veut venger la mort de son père Eddard, accusé à tort de trahison et impitoyablement éliminé par Joffrey, d’autres voix s’élèvent pour contester la légitimité du nouveau souverain et s’autoproclamer rois. Pendant ce temps, Daenerys Targaryen tente de trouver un refuge pour son peuple, et John Snow découvre la vie de l’autre côté du Mur protégeant le royaume des dangers se cachant au Nord.
Niveau intrigue, le show passe donc à un niveau supérieur. Si la première saison se déroulait principalement à King’s Landing, Winterfell et dans le désert, cette fois-ci les lieux de l’action sont multipliés. Evidemment, vu le nombre de personnages, certains bénéficient d’un traitement plus ou moins important, et quelques figures d’importance en pâtissent légèrement. Daenerys et les Dothrakis sont les personnages les plus sacrifiés de la saison, ne faisant au final pas grand-chose mis à part marcher dans le désert et chercher un bateau qui pourra les mener sur le continent (même si les événements s’emballent un peu plus en fin de saison). A l’opposée, Theon Greyjoy, le fils adoptif d’Eddard Stark bénéficie lui d’un traitement plus fouillé explicitant ses origines et le conduisant sur une pente des plus glissantes. Mais la véritable star du show reste une fois de plus Tyrion Lannister, toujours excellemment interprété par Peter Dinklage (Bons Baisers de Bruges) qui, au-delà de sa gouaille et de son intelligence, se révèle de plus en plus attachant et l’un des rares personnages honorables du show. Enfin, au rang des nouveaux venus, on notera avec plaisir l’arrivée de Carice Van Houten au casting, intrigante en prêtresse du Dieu de la Lumière aux pouvoirs pas si lumineux que ça…
Le fantastique et le surnaturel, présents en filigrane lors de la saison 1, ont d’ailleurs cette année une importance accrue. Au rang des surprises surnaturelles, on retrouve bien entendu les dragons de Daenerys, mais aussi un étrange assassin capable de changer de visage, un monstre de fumée, et les fameux « Marcheurs Blancs » qui font un retour fracassant dans le final de la saison, laissant augurer du meilleur pour la suite. De même, si la série reste principalement basée sur les intrigues politiques et les trahisons, la saison 2 passe la seconde et propose beaucoup plus d’action (et de violence). Le tout culminera dans l’avant-dernier épisode de la saison, Blackwater, tout entier dédié à l’attaque de King’s Landing par le frère ainé de Robert Baratheon, écrit par George R. R. Martin lui-même, et réalisé par Neil Marshall (The Descent, Centurion). Une apothéose venant couronner une saison réellement impressionnante dans sa gestion de multiples intrigues.
Car l’exploit de la série, et encore plus de cette saison, c’est que le spectateur n’est (presque) jamais perdu, notamment grâce à une habile gestion du montage et à des personnages forts et immédiatement identifiables. Le show navigue avec une aisance insolente entre les différentes forces en présence et les nombreux lieux où se déroule l’action, sans jamais perdre en fluidité ni en clarté. Au rang des petits plus non négligeables, on notera avec émerveillement que le fameux générique du show a été mis à jour et présente tous les nouveaux lieux visités dans cette saison. Une façon habile tout autant que ludique pour aider le spectateur à se situer au cours des épisodes. De plus, vu le succès de la saison 1, HBO n’a pas hésité à mettre de l’argent sur la table pour que sa série phare continue de bénéficier de décors impressionnants et de costumes d’une crédibilité à toute épreuve (là où une certaine autre chaine réduit le budget d’une excellente série des plus prometteuses, la transformant une en une longue succession de dialogues ne menant à rien). On est régulièrement épaté devant la beauté des décors naturels (notamment lors des scènes se déroulant au-delà du Mur) d’une variété incroyable (on passe du désert à la forêt, et même aux montagnes enneigées).
Bref, avec cette seconde saison, Game of Thrones continue à planer avec insolence à cent pieds au-dessus du spectateur, en alliant beauté des décors et des costumes, liberté de ton, personnages forts et intrigues passionnantes. Nul doute maintenant que la saison 3 va continuer sur cette lancée, pour le plus grand bonheur des sériphages.
Note : 9/10