Démocrates et républicains sont prévenus: quel que soit le résultat des élections de novembre, Moody’s privera les Etats-Unis de leur note « Aaa » si le Congrès ne trouve pas en 2013 un moyen de réduire à moyen terme le ratio de la dette publique au PIB du pays.
« Les négociations budgétaires au cours de la session parlementaire 2013 détermineront probablement la trajectoire de la note » de solvabilité financière de l’Etat fédéral américain, a averti mardi l’agence de notation financière américaine.
« Si ces négociations débouchent sur des mesures politiques spécifiques entraînant une stabilisation puis la mise sur une pente descendante, à moyen terme, du ratio de la dette fédérale au PIB, la note (du pays) sera probablement confirmée et sa perspective redeviendra stable », écrit-elle dans un communiqué.
« Cependant, si ces négociations ne parvenaient pas à l’adoption de telles mesures, Moody’s prévoirait alors d’abaisser la note, probablement à Aa1″, soit un cran au-dessous du « Aaa », qui est la meilleure note possible, ajoute l’agence.
Cet avertissement survient à moins de deux mois des élections du 6 novembre, par lesquelles les Américains choisiront leur président pour les quatre années à suivre et renouvelleront le Congrès.
Les Etats-Unis ont perdu leur « Aaa » auprès de Standard and Poor’s en août 2011, à l’issue d’un feuilleton politique à rebondissement, qui s’était conclu par un relèvement du plafond légal de la dette publique américaine juste à temps pour éviter à Washington de manquer le paiement d’intérêts sur certaines de ses obligations.
Moody’s avait alors abaissé à « négative » la perspective de la note de l’Etat fédéral, signifiant par là qu’elle pourrait l’abaisser à l’avenir.
La troisième grande agence de notation, Fitch, a déjà annoncé en décembre 2011 que, pour elle, le maintient du « Aaa » américain se jouerait en 2013, « année clef » après les élections.
La dette à 103% du PIB
Dans ses nouveaux attendus, Moody’s estime « peu probable » qu’elle maintienne le « Aaa » des Etats-Unis et sa perspective négative jusqu’en 2014, sauf dans le cas où « la méthode adoptée pour obtenir la stabilisation de la dette passerait par un choc budgétaire important et immédiat », mais il lui faudrait obtenir alors « la preuve que l’économie pourrait rebondir après ce choc » pour pouvoir envisager de ramener la perspective de la note à « stable ».
L’agence fait là spécifiquement référence au « mur budgétaire » (« fiscal cliff ») auquel le pays risque de se heurter en janvier.
En effet, sans accord d’ici à la fin de l’année entre le camp démocrate du président Barack Obama et l’opposition républicaine sur la façon de réduire la dette publique, un certain nombre de mesures de relance et de réductions d’impôts prendront fin automatiquement au 1er janvier alors qu’entreront en vigueur des baisses automatiques des dépenses publiques.
La banque centrale américaine (Fed) et plusieurs études ont averti que cela risquait d’entraîner une nouvelle récession, et nombre d’analystes estiment que les élus ne prendront pas ce risque.
Pour Moody’s, la note des Etats-Unis et sa perspective actuelle « devraient être maintenues jusqu’à ce qu’apparaisse clairement le résultat » du travail parlementaire de 2013, mais cela suppose que le plafond de la dette publique soit relevé sans drame lorsqu’il devra l’être, a priori d’ici à fin décembre.
La dette publique américaine atteignait lundi soir 16.046,7 milliards de dollars, soit environ 103% du PIB. Le plafond de la dette soumise à la limite du Congrès est fixé pour l’heure à 16.394,0 milliards de dollars.
source : AFP
Avis de la rédaction : L’Euro reprend des couleurs et il était temps, il semblerait que les agences de notation commence enfin à menacer le déclencheur de la crise économique qui sévit sur la planète depuis 2008. Cette annonce n’a rien d’étonnant mais est peut être un peu tardive.