D'un président de la République issu du parti socialiste, nous espérions une autre politique que celle annoncée dimanche soir sur TF1.
Cette politique de non changement porte un nom : RIGUEUR
Le président l'a dit : 30 milliards d'euros d'économies répartis entre les ménages, l'État et le Capital. Équitablement ? Voyons ça :
Sachant que depuis une vingtaine d'années, les revenus du capital ont été privilégiés en étant de moins en moins assujettis à l'impôt et aux cotisations sociales, la contribution exceptionnelle demandée au Capital est RIDICULE !
Sachant que dans le même temps, la contribution des ménages aux revenus modestes ou moyens a été alourdie et que les mêmes, qui ne peuvent bénéficier de niches fiscales, seront mis à contribution une fois encore.
Sachant que les ménages précités seront doublement impactés par les 10 milliards d'euros dits d'économie puisque, hormis la police et l'éducation nationale, cela se concrétisera par un affaiblissement des services publics, lesquels sont pourtant vitaux pour les classes les plus modestes. La RGPP survivra au sarkozisme !
En définitive, la rigueur ne sera pas équitable.
Une telle politique ralentira l'économie et causera le phénomène économique suivant : RÉCESSION .
Lisez ce qu'en pense Joseph Stiglitz, l'ancien président de la banque mondiale :
«Nous avons expérimenté de telles politiques d'austérité des dizaines de fois, et à chaque fois, cela a été un échec. En 1929, cela a été le cas avec le président des États-Unis, Hubert Hoover (...). Plus récemment, le FMI a fait pareil dans le Sud-Est asiatique et en Argentine, et cela a été un désastre. La plupart des pays européens qui ont engagé des politiques d'austérité sont maintenant en récession.»
30 milliards d'euros vont donc être retirés de l'économie réelle alors que les entreprises tournent au ralenti, alors que le besoin de services publics après 10 ans de droite n'a jamais été aussi fort ! Même la droite en 10 ans n'a pas osé le faire !
François Hollande et ses copains radicaux et environnementaux ont cédé au lobby de la finance parce que derrière le prétexte de la dette à rembourser et du déséquilibre budgétaire, le pouvoir politique s'abstient d'encadrer les pratiques des institutions financières, ce qui va conforter la puissance du Capital.
S'interdisant de réformer la fiscalité et de réglementer la finance, Hollande laisse le pays emprisonné dans le cercle vicieux de la dette :
- le Capital est très peu imposé, ce qui réduit d'autant les ressources de l'État;
- l'État renonce volontairement à des recettes fiscales en privilégiant le Capital;
- les comptes publics sont toujours déficitaires;
- l'État doit toujours s'endetter auprès du Capital;
- le niveau d'endettement est si élevé qu'il devient un prétexte pour que l'État se désengage et livre des secteurs entiers au Capital;
- le désengagement de l'État le prive de ressources budgétaires pérennes.
En retirant 30 milliards d'euros, le cercle vicieux précité deviendra encore plus infernal puisque la récession va tarir les recettes fiscales. On en arrive au paradoxe que le budget sera encore plus déficitaire malgré une plus forte imposition, le Capital bien plus puissant qu'avant la défaite de Sarkozy et les classes aisées plus riches encore !
Dans l'interview parue dans l'Humanité, Stiglitz fait ce constat :
«La plus forte probabilité est que l'économie cesse de croître, les recettes fiscales cessent d'augmenter, les dépenses sociales et le chômage continuent de croître et que, au final les améliorations budgétaires espérées ne soient pas au rendez-vous.»
Évidemment, la récession économique sera synonyme de RÉGRESSION SOCIALE.
Au titre des mesures de rigueur et de récession sociale, n'oublions pas les 2,3 milliards d'euros d'économies de l'assurance maladie qui s'ajoutent aux 10 milliards d'euros de l'Etat. Au-delà des paroles rassurantes, les 1ères victimes sont les classes populaires. Puisque nous abordons la santé, ajoutons qu'aucun membre de la majorité n'entend revenir sur les mesures de régression sociale de la droite telles que les franchises médicales.
Le pouvoir politique, aujourd'hui représenté par Hollande et hier par Sarkozy, ne résiste pas une seconde au Capital et à la finance; d'ailleurs le défilé de représentants du gouvernement à l'université du Medef était édifiant.
A mesure que l'État s'appauvrit, le Capital devient pressant, au point d'exiger la réforme du marché du travail. Le coût du travail qui n'a pourtant jamais cessé de baisser sert de prétexte !
Les déclarations de Hollande relatives à l'emploi ne sont pas surprenantes. Le dialogue social qu'il appelle de ses vœux ne permettra pas de consensus entre les organisations ouvrières et le patronat, à moins que le gouvernement se contente d'un accord entre le Medef et la CFDT. Après tout, on l'a déjà vu pour les retraites ou les PTT !
Chérèque, l'inamovible chef de la CFDT, bien connu de nos services en raison d'une jaunisse incurable, avait préalablement débroussaillé le terrain pour Hollande !
Nous prépare-t-on un remake avec le CDI, sacrifié sur l'autel du libéralisme sans entrave, de la mondialisation heureuse et de l'Europe forcément sociale ?
Nul doute que les médias dominants et les officines gouvernementales devraient bientôt communiquer sur la fameuse flexi-sécurité pour préparer les cerveaux et... pour imposer la future règle générale de la flexibilité du travail, avec un volet sécurité fantoche !
On espérait qu'un président de gauche se serait interrogé sur la légitimité de la dette avant d'agir. A qui la dette a-t-elle profité ? Par exemple, quelle a été la destination de tel ou tel emprunt ? Et qu'il aurait demandé un moratoire et un audit public de la dette avant d'annoncer des mesures qui anticipent l'application du TSCG.
On sait aujourd'hui que ce président-là n'est pas François Hollande. Sa politique se résumera à ce triptyque : RIGUEUR - RÉCESSION - RÉGRESSION SOCIALE !