Septembre 2001 : je suis une fille heureuse. Je vis dans une ville que j’adore, baignée de soleil de janvier à décembre (et non, ce n’est pas Marseille !), j’ai une bande de copains avec qui je fais la fête assez souvent, des copines avec qui je vis 22h/24h en cette période qui précède la rentrée universitaire et j’ai un petit appart que j’adore, avec une baignoire, qui donne dans une rue piétonne où tout le monde se connait et se fait la bise.
J’ai pris l’habitude, depuis que j’ai bouclé mon mémoire, de déjeuner tranquillou et de faire une petite sieste, tous les jours. Je m’endors devant la météo d’Evelyne Dheliat après le 13h de TF1. Je me réveille en moyenne moins d’une heure après, devant un téléfilm ou les feux de l’Amour.
Le 11 septembre, je me suis endormie comme une merdouille (une habitude) après avoir ingurgité un petit yaourt à la vanille. Je roupille sec. Puis vient le réveil. La télé marche en sourdine. Je vois un immeuble qui fume et me dit que cet épisode de soap est bien violent pour une fois. Je prends le temps d’aller faire un petit pipi, me prépare un café et reviens sur mon canapé. Je monte le son.
Bim, a fait la réalité dans ma face. Ce qui se passe est vrai. Il s’agit d’une attaque terroriste qui a lieu pour de vrai en plein cœur de New York. Je crois que j’ai appelé ma mère à ce moment-là. Puis ensuite, re-bim, le deuxième avion se crashe à son tour sur l’autre tour, en direct à la téloche. La bande de copines s’auto-convoque à la terrasse de notre pub. On hallucine ensemble puis, la vie de jeunes adultes de 21 ans étant ce qu’elle est, nous oublions bien vite cette catastrophe américaine.
Sauf que.
Sauf que vient l’heure de l’apéro, que l’on a l’habitude de prendre dans l’un de nos apparts (vivant tous en co-location sur plusieurs apparts, tous les apparts sont « nos » apparts, distance géographique à taille humaine du centre-ville oblige). Et là réalité nous re-frappe : les gratte ciels sont tombés et nous on est affalés sur le matelas-lit-canapé, scotchés devant la télé avec des Curly et des Heineken. Là, un de nos copains dont le job est de prendre les voleurs de cartes postales la main dans le sac, monte en 4 par 4 chez « nous ». La porte est ouverte (nous sommes seules sur le palier du dernier étage) et entre en hurlant « C’est la fin du monde les meufs, j’te juuuure ! » - « Mais tais-toi donc, on n’entend pas la télé » « C’est l’Afghanistan putain ! C’est la 3ème guerre mondiale ! ». Bref, une furie. Devant notre réaction de type amorphe, il s’en est allé. Et nous, nous sommes allées re-boire des coups au pub.
Bref, un jour de semaine normal en période de pré-rentrée universitaire.
On est pas un peu serrés ? C'est aussi la rentrée du DEUG Psycho 1ère année ?.