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Wild Nothing – Nocturne

Publié le 11 septembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Wild Nothing – Nocturne

Chacun a sa vision assez différente de la nuit: certains penseront à toutes ces choses horrifiantes qui peuvent se passer dans le noir, alors que de l’autre côté, on aura ceux qui trouveront leurs raisons de vivre dedans.
Non, non on ne parle ni des vampires de Twilight ni d’autres monstres globuleux peu effrayants, mais plutôt des fêtards, des geeks, des transformistes : ceux qui vivent la nuit pour gaspiller leurs journées dans un sommeil profond et souvent peu agréable.
Vivre dans un sens inversé, c’est un mode de vie, être nocturne c’est savoir trouver dans la nuit, ce qu’on n’arrive jamais à trouver la journée. De l’amour, de l’amitié et des galoches baveuses à l’haleine whisky, tout le monde y trouvera son compte, au final. La nuit c’est aussi là où l’imagination se met en place, dans les rêves ou dans ces histoires, sur des chevaux magiques qui prenaient de l’ecstasy, qu’on nous racontait, étant petit. A défaut d’être devenu trop grand pour entendre des histoires louches à la con, ou qu’on nous chante des berceuses, on recherche tous à combler plus ou moins ce manque.

          Et heureusement, Wild Nothing et leur pop de rêve arrive largement à nous faire oublier cette période où se chier dans le slip n’était pas une honte, mais plutôt un bonheur. On peut enfin être content d’avoir grandi, pour entendre une musique qui se voit être comme un aller simple pour le paradis, les nuages et les licornes arc-en-ciel. Wild nothing, c’est d’abord un leader ultra talentueux : Jack Tatum. Une voix parfaite, des talents de compositeurs qui feraient trembler les 779 mecs qui essayent de fabriquer les chansons de Britney « Chauve souris » Spears et une capacité à pondre des titres qui font un peu près cet effet quand on les entend à la radio : « La tête qui tourne, courant d’air dans les cheveux, frissons et paralysie totale ». On ajoute quatre membres : Jeff Haley, Nathan Goodman, Jeremiah Johnson et Kevin Knight pour les lives et pour peut être avoir des regards plus nombreux sur la direction du groupe, on secoue le tout, et Wild Nothing prend encore plus de sens.
A peine crée en 2009, à Blacksburg en Virginie, Jack Tatum et son fabuleux projet, ont déjà montré tout le pouvoir qu’ils avaient entre leurs mains, et qu’ils étaient les putains de Boss de ce Shoegaze-Game.
Un premier album, Gemini, en 2010, qui nous avait foutu une claque monumentale (avec une des plus belles pochettes que la musique aie connu) et un E.P., Golden Haze en 2010, qui lui, faisait plus office de coup de pied en plein dans les bourses, pour ceux qui voulaient vraiment se voiler la face sur la qualité de leur musique.

   Gemini, c’était un peu l’entrée du repas, une entrée dont on se goinfrait beaucoup trop, en ayant peur de ne pas aimer le plat principal. Un premier album de merveille, des caresses dans le sens du poil : comment ne pas tomber sous le charme des excellents tires Live in dreams, O, lilac, Confirmation et de l’album en entier au final. Sauf qu’à force de manger comme des connards, une soif de dingue nous a atteint, une espèce de question de vie ou de mort. Le breuvage ne s’est bizarrement pas fait attendre longtemps, et l’E.P. Golden Haze, valait plus le coup, que de boire l’eau dégueulasse du robinet. On retrouve tout ce qu’on avait aimé, Golden Haze et Vultures like Lovers pour montrer que le groupe ne chôme pas, et six titres au final pour prolonger le repas, dont on attendait la suite impatiemment.
Voilà, voilà, le repas principal est enfin arrivé, il s’appel Nocturne, et Wild Nothing nous a cuisiné une merveille, encore une fois. Le goinfrage peut enfin recommencer, mes amis. Nocturne  (sur Captured Tracks), fait donc office de deuxième album, celui de la vérité pour la plupart des groupes indie, et ici la vérité brille même dans un noir absolu. Composé de 11 chansons (seulement une de moins par rapport au premier opus), c’est une redécouverte, une nouvelle manière d’apprécier qui naît en nous. On reconnaît cette voix, ces accords, mais on les voit sous leur nouveau jour. Une manière de nous dire :  » On fait toujours des trucs oufs, mais on sait aussi un peu se réinventer ». On s’éloigne donc du premier album, pour en retrouver un, différent, mais qui possède une puissance qui fait toujours tourner la tête.

   Directement pris dans les bras avec Shadow, la ballade commence sous un soleil fort agréable. Des chansons plus pop pour certaines (Nocture, Disappear Always), mais toujours ces chansons un peu calmes (Rheya, Trough the Grass) : la petite sieste après la ballade. Des montées d’adrénaline avec Only Heather, clairement meilleure chanson de cet album. Un opus qui prend donc une direction différente de celle de Gemini, mais le rêve est toujours présent, il grandit et retombe peu à peu pour nous mener vers la réalité. Nocturne, est bien plus axé pop, un album rythmé comme il se doit : le calme se fait toujours sentir, mais se voit être bousculé par des sons plus électriques, des titres encore plus complets. Chaque chanson touche, par sa particularité, par son originalité, par sa construction: on navigue dans une mer douce, où rien ne semble pouvoir nous arriver.

 Shadows, c’est le début du périple. A peine le départ effectué, le voyage prend tout son sens. Bercé par les sirènes qui chantent, et qui sont vachement bonnes, on se sent fort. Pouvoir aller le plus loin possible, en ayant perdu toutes nos peurs. Le violon dans cette chanson, devient un peu comme le préservatif avec une prostituée : indispensable.

Only Heather, la tempête qui vient remuer cette situation qui semblait bien trop tranquille. On ne sait pas si notre navire tiendra le choc, c’est peut être la fin du périple, et celle de notre propre vie. La peur au nez, et la famille dans la tête, on essaye de penser à quelque chose d’apaisant, une situation qui donne le sourire, quand d’un coup, juste devant nos yeux, le moussaillon moustache, membre le plus gros de l’équipage, s’envole comme une merde, emporté par la tempête, pour aller s’écraser quelques mètres plus loin dans les rochers. Le bateau, maintenant allégé, peut enfin affronter son destin.

Counting Days, seul survivant de la tempête, on finit sur une île déserte, seul face à soi même, seul face au temps qui passe au ralenti. Compter les jours pour savoir combien de temps va durer cette épreuve loin des nôtres, cela semble dur, quand on est jamais aller à l’école car on préférait trainer avec nos potes en bas des blocs et vendre du shit.

   Wild Nothing, c’est de l’amour, bien plus qu’un simple groupe maintenant, une entité qui montre toute la puissance de la musique indie/pop. Deux albums, pour deux chefs d’oeuvre, un style qui séduit, et une formule qui marche relativement trop bien. Nocturne, se voit être l’apogée, on se soulève, on se sent bousculé par quelque chose qu’on a aimé, et ici on comprend d’autant plus que Jack Tatum est un putain de génie. Comme Golden Haze est venu complété en peu de temps Gemini, on espère déjà qu’un E.P. viendra rallonger le plaisir et le porter jusqu’à son sommet, un plaisir mérité après une attente de deux ans. La barre est haute, le dessert qui viendra surement clôturer ce repas se fait déjà attendre, en croisant les doigts pour être surpris par des saveurs inattendues. Dans un style différent, on pensait déjà que Beach House avait déjà sorti la plus belle pièce dream-pop de cette année 2012, Wild Nothing relance la guerre.

   Plus que quelques mois pour clôturer cette si belle année musicale, nos oreilles restent grande ouverte, pleines d’espoir.

Wild Nothing – Nocturne


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