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« François Hollande oscille entre le leader et le Gentil Animateur »

Publié le 11 septembre 2012 par Délis

Délits d’Opinion :  En proposant un çap clair – le redressement du pays- , et un agenda de deux ans ans, François Hollande a t-il réussi à reprendre la main hier sur TF1.

Philippe Moreau-Chevrolet : Hollande a proposé un compromis aux Français dimanche soir sur TF1. Il leur a dit qu’il avait compris leur impatience, qu’il avait conscience de la gravité de la situation. Mais qu’il avait besoin de temps. Et il leur a demandé de lui accorder deux ans pour « redresser » le pays. Puis il a déroulé les grandes lignes de son action. Mais on remarque que son discours est resté très général. Voire flou. Il était là avant tout pour rassurer et gagner du temps. N’oublions pas qu’il s’exprimait sous la pression de sondages en chute libre et de médias très critiques sur son action. Il n’avait pas beaucoup de marge de manoeuvre. Pourquoi un délai de deux ans ? Parce que c’est ce qui nous sépare des prochaines échéances électorales. Les élections municipales de 2014. Un bilan sera de toute façon inévitable à cette date. Et n’oublions pas que François Hollande a été dix ans Premier secrétaire du PS. Il raisonne aussi en termes électoraux.

Délits d’Opinion : Champ lexical combatif, posture volontariste : François Hollande s’est-il vraiment sarkoizé ?

 Philippe Moreau-Chevrolet : Non, absolument pas. En réalité, François Hollande est rattrapé par la réalité de sa fonction. Un Président de la Cinquième République est élu au suffrage universel. Il ne dirige pas un régime parlementaire. Il est responsable devant l’opinion de l’action de son gouvernement – qu’il nomme sur simple « proposition » du Premier ministre. Il concentre un énorme pouvoir, qui va de pair avec une énorme responsabilité. En d’autres termes, il est condamné à être un chef. Avec tous les attributs du chef : leadership, charisme, autorité, compétence…

Le problème, c’est que depuis son excellent discours du Bourget, François Hollande ne cesse de faire des allers-et-retours entre une posture de Président et une posture de Premier ministre. Entre la figure du leader et celle du « gentil animateur ». Pour aller vite. Seul l’avenir nous dira si sa nouvelle orientation est durable. Ou s’il hésite toujours.

Rappelons quand même que les socialistes ne sont plus au pouvoir depuis 15 ans. Ils découvrent – en particulier les ministres – la réalité du pouvoir. Il est aussi normal que cela leur prenne un peu de temps. Le problème, c’est que la situation exige d’eux qu’ils soient à la hauteur tout de suite. C’est tout l’enjeu.

Délits d’Opinion : Le président a consacré une partie conséquente de son intervention à des sujets techniques (négociation pour l’emploi, arbitrages budgétaires, commission sur la compétitivité…) : est-ce que ce type de messages peut passer auprès d’une opinion publique en quête de résultats et d’actions ?

Philippe Moreau-Chevrolet : Sur le fond, le discours était clairement trop technique. C’était plus un discours de Premier ministre que de Président de la République. Les Français ont besoin de clarté, dans la période actuelle. De direction, de sens. Il faut que Hollande trouve son « style », comme il le dit lui-même. Qui ne sera pas celui de Sarkozy ni de Chirac ni de Mitterrand. Qui ne sera pas celui du « président normal » – ce slogan a vécu. Mais du Président, tout court. Le Président Hollande.

Retrouvez les de  analyses Philippe sur l’Express.fr  :  http://blogs.lexpress.fr/yes-they-can/


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