Imaginez un intérieur à tel point envahi par des objets qu’il devient presque impossible de se frayer un chemin… Bienvenue chez les « Messies », des accumulateurs compulsifs aussi appelés syllogomanes.
Le film nous plonge dans le quotidien de quatre collectionneurs pathologiques. Il y a Arthur, un paysan célibataire qui tire sa fierté des poids lourds (tracteurs, excavatrices, voitures et camions rouillés) qui occupent sa parcelle de terrain. Il est en conflit permanent avec l’administration cantonale. On fait aussi la connaissance d’Elmira qui n’arrive plus à se déplacer dans son appartement entièrement colonisé par des piles de journaux et des cassettes où sont enregistrées toutes les émissions culturelles, aucune ne devant lui échapper. Les piles de cassettes soigneusement étiquetées atteignent jusqu’à un mètre de haut en plein milieu des pièces. On la voit alors tenter d’enjamber l’obstacle, non sans difficulté et douleur étant donné qu’elle souffre de sciatique. Il y a aussi Karl qui vit avec sa femme dans une grande ferme. La seule pièce restée praticable est la cuisine. Sa femme menace de le quitter s’il ne fait pas de place. Enfin il y a Thomas le bricoleur qui récupère de la ferraille pour fabriquer d’ingénieux appareils.
La bizarrerie des situations et l’excentricité des protagonistes est source de comique et fait souvent naître le sourire des spectateurs. On n’en reste pas moins profondément touché par leur souffrance. Ainsi Thomas qui, suite à l’ultimatum de son épouse, essaie de trier les objets amassés depuis des années pour faire de la place en se débarrassant de ceux qui sont inutiles. Peine perdue. Pour lui chaque objet amassé est un trésor susceptible de servir un jour. Abandonner la moindre de ses trouvailles le plonge dans un profonde détresse. Il pleure et dit qu’en se séparant de ses objets il a le sentiment de ne plus exister.
« Messies « est un excellent documentaire. Il donne à voir un phénomène peu connu et fort spectaculaire sans jamais donner d’explication psychologique. Jetant un regard à la fois amusé et plein de compassion sur les personnages. Ulrich Grossenbacher fait preuve d’un grand sens de la dramaturgie. Le bémol est que l’on ressort avec le mal de mer tant l’image bouge en raison des techniques de filmage adoptées.
Alexia Cerutti
Le Film:
Un film de Ulrich Grossenbacher
Distributeur : Fait & Ugly
Age légal : 16 ans
Age suggéré : 16 ans
Durée : 118 minutes
Sortie le : 12 septembre
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