La politique menée par David Cameron est critiquée, notamment parce que l'austérité qu'il imposerait renforcerait la récession du Royaume Uni. Vraiment ?
Par Vladimir Vodarevski.
David Cameron
Le gouvernement britannique de David Cameron est critiqué pour l'austérité qu'il impose au Royaume Uni. Les critiques sont d'autant plus fortes que le Royaume Uni est en récession. Paul Krugman s'y est mis lui aussi, avec le talent qu'on lui connaît (Britain's Paul Ryan )
Cependant, le Paul Krugman éditorialiste du New York Times est en train de complètement discréditer le Paul Krugman Prix d'économie de la Banque de Suède (dit Prix Nobel). Un économiste, un vrai, universitaire qui plus est, doit argumenter ses opinions. Or, il est difficile de voir une quelconque austérité dans la politique de David Cameron.
D'abord, il n'y a eu aucune diminution du budget britannique, comme le montre le site uk public spending.
Le déficit budgétaire est énorme, de 8,3% du PIB pour la période 2011-2012, comme le montre les deux tableaux suivants. Le premier provient directement du Trésor britannique, et le second du site Trading Economics, qui propose des graphiques simples sur des périodes au choix.
Des dépenses publiques qui ne diminuent pas, la baisse des recettes étant compensée par une augmentation de l'endettement. Ne serait-ce pas l'application des théories keynésiennes de relance par la dépense publique, soutenues par Monsieur Paul Krugman ? Ajoutons que la politique monétaire de la Banque d'Angleterre est très accommodante, toujours dans la droite ligne des préconisations de Paul Krugman.
Quelques précisions supplémentaires sur le Royaume Uni. Ce pays a connu une croissance soutenue par la dépense publique, les embauches publiques, et la consommation à crédit. David Cameron est le pompier qui éteint l'incendie.Il est accusé de mener une politique d'austérité car il cherche à remettre en cause l’État providence, avec son projet de Big Society, qui donne plus de responsabilités aux gens. Mais il ne fait que prendre acte de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays après les politiques de déficits budgétaires et de relance par le crédit. Sa politique n'apparaît pas comme une politique de rigueur. Mais les britanniques subissent les conséquences de la politique de Gordon Brown. En économie, rien ne s'efface d'un coup de baguette magique.
D'autre part, une comparaison avec la France, qui elle n'a pas remis en cause son modèle, ne montre finalement pas une grande différence en termes de croissance. Une croissance nulle pour la France en 2012, et légèrement négative pour le royaume Uni. En termes de PIB, une précision de moins de 0,5 point n'est pas significative.
Sachant que le chômage, par contre, diminue au Royaume Uni.
En conclusion, le Royaume Uni connaît une situation catastrophique car il a soutenu l'économie par la demande, par le déficit public et la création monétaire. Pour s'en sortir, il n'a pas procédé à une diminution de la dépense publique, compensant la baisse des recettes par l'emprunt. Une politique keynésienne.
Ce qui lui est reproché, c'est surtout de préparer l'avenir, en s'interrogeant sur le modèle qui a mené à cette catastrophe. Quoique, là encore, la politique de Cameron ne soit pas si libérale. Ainsi, il prévoit une banque publique pour les PME, des crédits d'impôt pour les entreprises de jeux vidéos, et la Banque d'Angleterre fait allègrement marcher la planche à billets. Cameron subit l'agenda politique, qui est celui du très court terme, dicté par les échéances électorales.
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Sur le web.
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Avant un plan B, un plan A comme austérité, par Daniel Hannan.
Même si l'Etat dépense plus, on lui reproche ses coupes budgétaires.
Toujours pas de coupes budgétaires.
Pas de coupes budgétaires au Royaume-Uni.
Coupes budgétaires ?