C’est la crise économique. Mais, à Bordeaux et dans la CUB, les nouveaux espaces commerciaux continuent de pousser comme des champignons. Actuellement, 16 projets majeurs sont en cours, représentant pas moins de 167 000 m2. La Commission départementale d’urbanisme commercial (CDAC) a d’ores et déjà autorisé 135 000 m2 supplémentaires, soit 20% du parc actuel de l’agglomération…
Dans le détail, à Bordeaux-Lac, Ikea s’agrandit de 10 030 m2, Merignac de 12 155 m2, la galerie de Carrefour Bègles gagne 1 400m2, sachant qu’il y a un an et demi 13 500 m2 de nouveaux magasins ont été aménagés dans cette zone… D’autres projets - l’îlot Sud Ouest près de la Rue Sainte-Catherine (13 652 m2), et des commerces près de la caserne Niel à la Bastide et les Bassins à flots- devraient encore voir le jour dans les toutes prochaines années. Or, « le grand Bordeaux atteint la saturation commerciale », ont alerté Vincent Feltesse, le président de la CUB et Pierre Goguet, le président de la CCI, lors d’une conférence de presse commune le 9 mars dernier.
Un pouvoir d’achat élevé qui attise les convoitises
« La CUB concentre à elle seule 50 % des surfaces commerciales de tout le département », relève de son côté l’Observatoire de l’urbanisme commercial de la CCI. On compte ainsi 1 218 m2 de surfaces commerciales pour 1 000 habitants, soit 20 % de plus que la moyenne nationale. Pourtant, depuis un an, la CUB a tenté de limiter ces appétits en appliquant une charte de l’urbanisme commercial restrictive, qui a fait chuter les autorisations d’implantation ou d’agrandissement de commerces de 64 % en 2011.
Mais, les grandes enseignes veulent profiter de l’essor de Bordeaux, l’une des villes les plus dynamiques de province avec de nombreux projets d’ampleur (Euratlantique, Centre culturel et touristique du vin, ponts Bacalan-Bastide et Jean-Jacques Bosc…). En neuf ans, l’agglomération a attiré 64 192 nouveaux habitants. à l’horizon 2030, la Communauté urbaine de Bordeaux devrait franchir le cap du million d’habitants. D’autant, que d’après l’Insee, le revenu moyen des ménages imposables de la CUB (2 877 euros bruts par mois) est au-dessus de la moyenne nationale (2 721 euros). Dans l’agglomération bordelaise, les dépenses pour l’alimentaire, l’équipement de la personne, de la maison, la culture et les loisirs s’élèvent à 4,8 milliards d’euros. Un « gâteau », qui ne peut pas grandir indéfiniment et dont le nombre de parts ne cesse d’augmenter. •
Nicolas César