Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a réaffirmé lundi qu’il n’avait toujours pas décidé s’il allait demander ou non un sauvetage financier pour son pays, assurant que, s’il le fait, il refusera qu’on lui dicte les coupes budgétaires à mener.
« J’insiste: nous n’avons pas encore pris de décision », a déclaré le dirigeant conservateur, lors de son premier entretien à la télévision espagnole depuis son arrivée au pouvoir en décembre dernier.
Le pays, qui bénéficie déjà depuis juin d’une promesse d’aide de la zone euro de 100 milliards d’euros pour ses banques, est sous pression pour demander un sauvetage financier plus large pour son économie, plongée dans la récession et frappée par un taux de chômage record (24,63%).
Alors que la Banque centrale européenne (BCE) vient de dévoiler son nouveau programme d’achat d’obligations pour les pays fragiles de la zone euro, Espagne en tête, désormais « c’est à nous de prendre la décision » de demander ou non cette aide, a reconnu Mariano Rajoy.
« La BCE a ouvert une fenêtre, elle a fait un pas important », a-t-il noté, et « le gouvernement (espagnol) doit bien étudier » cette proposition.
En particulier, « nous devons regarder quelles sont les conditions » de cette aide, car « les conditions, ce n’est pas la BCE qui en décide, c’est l’ensemble des pays de l’Union européenne », a-t-il souligné.
« Actuellement nous étudions la situation, nous allons voir si cela nous convient ou pas, si c’est nécessaire ou pas », a déclaré M. Rajoy, se montrant peu pressé sur le sujet: « il faut être prudent, ce n’est pas une décision mineure, il faut attendre certains événements qui vont se produire prochainement », a-t-il souligné, évoquant le Conseil européen prévu les 18 et 19 octobre.
Selon les médias, Mariano Rajoy pourrait aussi être tenté d’attendre après les élections régionales du Pays Basque et de la Galice, programmées le 21 octobre.
Le dirigeant a dit vouloir profiter de la détente actuelle des marchés, suscitée par l’annonce de la BCE, pour prendre son temps: « la prime de risque (surcoût auquel se finance l’Espagne par rapport à l’Allemagne, ndlr) a beaucoup baissé et donc nous pouvons nous financer plus facilement, ensuite nous allons regarder les conditions ».
Sur celles-ci, M. Rajoy a affirmé qu’il « ne pourrait pas accepter qu’on lui dise dans quel domaine politique concret il faut ou non couper » les dépenses en cas de sauvetage.
L’Espagne, quatrième économie de la zone euro, a déjà lancé un plan pour récupérer, entre nouvelles recettes et coupes budgétaires, 102 milliards d’euros d’ici 2014, afin de ramener son déficit public de 8,9% à 2,8% du PIB.
En moins de neuf mois de pouvoir, le gouvernement conservateur a notamment sacrifié la prime de Noël des fonctionnaires, augmenté les impôts et la TVA et durci les conditions d’attribution des allocations chômage.
Mais « s’il y a une chose à laquelle je ne toucherai pas, ce sont les retraites, car le retraité est la personne la plus fragile », a assuré lundi Mariano Rajoy qui avait fait de ce thème son principal argument de campagne l’hiver dernier.
Alors que certains membres de la zone euro, dont l’Allemagne, font pression pour imposer des conditions strictes aux pays secourus financièrement, M. Rajoy s’est voulu confiant pour l’Espagne: « de la même façon que les conditions proposées (en juin) nous semblaient bonnes quand nous avons demandé (à la zone euro) un crédit pour notre système financier, je suis absolument convaincu que tout le monde sera raisonnable ».
source : AFP
Avis de la rédaction : Une décision sage pour un pays qui est tout de même économiquement imposante, l’Italie semble avoir fait disparaître le doute quant à leurs possibilités, il est donc raisonnable de croire que l’Espagne peut en faire de même. Il n’est donc pas sur que l’Espagne face appel à cet aide mais aurait une bouée de sauvetage en cas d’aggravation. Les annonces de la BCE ayant amoindri les risques de faillite des etats, il y a fort à penser qu’une aide ne sera pas forcément nécessaire.