Vous changez de mobile ? Pensez à remettre l'ancien à un sans-abris

Publié le 10 septembre 2012 par Asse @ass69014555

La plupart des opérateurs de téléphonie mobile offrent à leurs abonnés des points qui leur permettent de changer de portable.

Mais que faites vous de votre ancien téléphone ? S'il traine dans un tiroir, pensez à quel point il pourrait servir à un sans-abris !

Donnez-le à une association d'aide aux SDF en pensant dans la mesure du possible à le faire "desimlocker" (gratuit) auprès de votre opérateur.

Altern Telecom fournit gratuitement un numéro de téléphone et un webmail

Que vous soyez SDF ou routards internationaux sans attaches, SDF telecom vous offre un numéro fixe non surtaxé avec un répondeur accessible de n’importe quel téléphone. Une messagerie vocale prend les appels, consultable à partir de n’importe quel téléphone et les messages vocaux sont en copie dans les mails. Un compte mail indépendant sur le web permet de recevoir les messages textes et les messages vocaux. Basé sur son service Fixe2mob.com, Sdftelecom.com est une initiative de l’opérateur Altern Telecom fondé par Nour El hadri.

Le site => http://sdftelecom.com

L’association Reconnect offre un numéro de téléphone et des cartes de visite

La société Transatel (Lauréate 2010 du Trophée National de l’Entreprise Citoyenne) a développé des solutions et a mis ses plateformes techniques à disposition de l’association « Reconnect », devenue une filiale du Groupe SOS en 2010. Cette association fournit aux SDF un numéro de téléphone fixe à 10 chiffres, une boîte vocale associée et personnalisable, des cartes de visite à son nom avec son numéro de téléphone personnalisé et la possibilité de rappeler gratuitement les correspondants lui ayant laissé un message.

Le site => http://www.groupe-sos.org/

« Pour un SDF, le portable, c'est tout »

« Les gens croient qu’on a pas de téléphone », observe Jeff, 31 ans, SDF depuis treize ans. Pourtant, le téléphone portable a révolutionné la vie des sans-abri.

« On s’imagine les SDF avec trois pièces en poche, assis à côté d’un litron de rouge mais c’est fini, ça. On a des comptes en banque et des téléphones », prévenait déjà Philippe il y a un an.

A l’époque, le quinquagénaire dormait sous un remblai aux Halles. Après vingt ans de rue, il a fini par retrouver un logement. Il ironise : « A la rue, on est dans la mobilité. »

« Avant le portable, c’était “hard”. C’était carte de téléphone et cabine. Ça coûtait cher, on appelait peu. On se déplaçait à pied ou en transport pour avoir la moindre info. Tout prenait un temps fou. »

Le fait de ne pouvoir être joignable par son entourage fragilisait les relations et multipliait les chances de rupture.

« Pour un SDF, le portable, c’est tout ! » s’exclame Philippe. « C’est comme un lien social, ça sert pas qu’à téléphoner. »

« Tu as la radio qui te permet de te tenir au courant de ce qui se passe autour de toi et dans le monde. Ça te permet d’avoir un lien avec ta famille : ils savent où te joindre. Tu as un numéro qui t’appartient : tu as envie de leur répondre, tu leur réponds. Tu n’as pas envie : il y a un répondeur. Ça te permet de donner ton numéro à toutes les associations que tu côtoies. Que ce soient Les Restos du cœur, Pôle emploi. On peut te joindre si jamais il y a un petit boulot qui se dégage. Pour les suivis médicaux aussi. »

Un portable pour appeler sa famille ou le 115

Le portable assure un lien affectif avec la famille, les amis, mais aussi avec le milieu professionnel, les organismes sociaux et l’administration. Il permet aussi de contacter le 115 et de gérer l’urgence.

Depuis quelques mois, un groupe de Tibétaines en demande d’asile trouve refuge à La Halte Femmes, accueil de jours parisien pour femmes à la rue : « Heureusement qu’elles ont un téléphone », dit Solange, animatrice.  « C’est déjà assez dur comme ça. Comment elles feraient si elles n’avaient plus aucun lien avec leur famille ? »

A La Halte, « la plupart des femmes nous donnent leur numéro de téléphone », poursuit le responsable, Rodrigue Cabarrus.

« Dans certaines situations, il faut que nous puissions les joindre rapidement : si nous recevons un courrier important – une histoire de justice ou d’enfants placés… »

(…)

Batterie déchargée ? Les assos y ont pensé

La difficulté majeure du portable à la rue concerne la recharge de la batterie : « Pour ça, tu profites des associations. Presque toutes pensent à ça », explique Philippe.

C’est le cas à La Halte Femmes où les prises électriques voient défiler les usagères. A La Péniche du Fleuron qui accueille des SDF avec leur chiens, on recharge son téléphone dans la cabine de surveillance, moyennant 50 centimes d’euros.

« Sinon tu te démerdes avec le McDo, le Flunch… En deux heures de temps, tu as rechargé », précise Philippe.

(...)

La 3G pour l’e-mail, les infos et le punk

« Un smartphone, ça fait bien plus que téléphoner », sourit Philippe. Dans les villes, et notamment à Paris, l’accès aux bornes WiFi depuis son téléphone permet de gérer beaucoup de choses et d’avoir une adresse e-mail. Les relations avec l’administration s’en trouvent parfois simplifiées :

« Si tu as un petit bin’s sur ton dossier de RSA, tu peux régler ça plus vite. »

Internet permet aussi de dématérialiser certains dossiers administratifs… Autant de paperasse que les sans-abri n’ont plus à porter dans leur sac.

Outre l’aspect professionnel, administratif, les portables nouvelle génération permettent d’accéder à l’information à travers la presse en ligne, la télévision et la radio.

Ils ouvrent aussi sur le divertissement et la culture : écouter sa propre musique ou choisir un film à son goût change des programmes consensuels choisis dans les accueils de jour.

Jeff est fan de musique punk. Son téléphone lui donne accès aux groupes qu’il aime, et « ça fait tenir » :« J’écoute en streaming ou je télécharge des trucs. »

Et la télé, pour « être comme tout le monde »

Pour Philippe, c’est surtout la télévision qui « est vachement importante quand on est à la rue ».

Quand il vivait dehors, Philippe passait sa vie sur Internet, « pour les infos, pour regarder des films, le soir, dans mon duvet ».

« J’ai des amis qui sont à la rue. Le soir, quand ils ont monté leur petite tente 
ou étendu leurs petits duvets, ils se connectent pour avoir la télé : ça leur permet d’avoir les informations, et de regarder aussi les films qu’ils veulent. Ça leur permet d’être un peu comme tout le monde. »

Aurélie Champagne

Rue89